Diversifier ses marchés coûte cher, alors Investissement Québec veut aider

Bicha Ngo, présidente-directrice générale d’Investissement Québec
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Bicha Ngo, présidente-directrice générale d’Investissement Québec

Investissement Québec veut aider les entreprises québécoises à explorer d’autres marchés d’exportations que les États-Unis. Pour ce faire, la société d’État mettra à leur disposition du financement pouvant atteindre jusqu’à 1 million de dollars, dans le cadre de sa nouvelle initiative Panorama, dévoilée mercredi.

« Il y a un risque financier à diversifier ses marchés. Mais tarifs douaniers ou pas, c’est primordial », souligne Bicha Ngo, présidente-directrice générale d’Investissement Québec en entrevue au Devoir. Avec la menace toujours tenace d’une guerre tarifaire au sud de la frontière, cette nécessité se fait plus pressante.

Pour aider les entreprises d’ici à se défaire de leur dépendance américaine, Investissement Québec offrira des prêts allant de 250 000 $ jusqu’à 1 000 000 $, avec un moratoire sur le remboursement du capital pouvant aller jusqu’à 24 mois.

« C’est vraiment du financement de fonds de roulement, donc pour le marketing, les déplacements, ouvrir un bureau à l’étranger, recruter un représentant à l’étranger », explique Mme Ngo.

L’aide proposée ne sera toutefois pas un bar ouvert, tient à préciser la haute dirigeante. « On veut aider des entreprises qui ont le potentiel, qui sont financièrement solides et qui ont une expérience aussi pour aller sur un marché, parce que ce n’est pas tout le monde qui est capable. Même s’il y a une flexibilité, ça demeure un prêt. »

Les dossiers seront « étudiés au mérite », souligne Mme Ngo. « Est-ce qu’il y a une demande sur le marché visé ? À quoi ressemble la compétition sur ce marché ? Ce sont autant de questions qu’il faut se poser. »

Investissement Québec ne cible pas de secteur d’activités spécifiques, mais s’adresse notamment « aux petites et moyennes entreprises », aux entreprises « manufacturières », celles « en région », énumère la p.-d.g. sans fermer de portes.

En plus de l’aide financière, un service d’accompagnement personnalisé est aussi compris : par exemple pour la sélection des marchés visés, la mise en relation avec des clients potentiels, ou encore la veille des marchés publics.

Un allier « naturel » dont il faut se détacher

Le Québec doit « amoindrir » sa dépendance avec son principal partenaire commercial, même s’il ne peut s’en défaire complètement, plaide Bicha Ngo.

Les États-Unis représentent environ 70 % des exportations internationales de la province, soit l’équivalent d’environ la moitié de son produit intérieur brut (PIB).

Mme Ngo cite en exemple le cas de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne, dont les entreprises québécoises n’ont pas assez tiré profit, selon elle. « Depuis l’entrée en vigueur de cet accord en 2017, les exportations du Québec vers cette région ont augmenté de 15 %, tandis que nos importations ont augmenté de 50 %. Donc les pays de l’Union européenne ont vraiment profité davantage de cet accord de libre-échange, beaucoup plus que nous. »

Pourquoi ? « Je pense qu’il y a une facilité pour nous de faire affaire avec les États-Unis », répond-elle. « C’est pour ça qu’avec Panorama, ce qu’on veut, c’est stimuler davantage les entreprises à faire cet effort-là de regarder d’autres marchés. »

Même si l’administration américaine devait changer dans quatre ans, il s’agit d’un effort « payant à moyen-long terme », croit Mme Ngo. « Prenez l’exemple de la pandémie, les entreprises qui ont pris le risque de continuer à investir aussi en productivité, qui ont revenu leur chaîne d’approvisionnement, celles-ci sont sorties gagnantes », illustre-t-elle.

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