Débat de Projet Montréal: «Les villes sont les derniers remparts du progressisme»

Les cinq candidats à la succession de Valérie Plante au sein de Projet Montréal se sont décrits comme un rempart contre le vent de droite qui souffle à tous les niveaux de gouvernement, lors d’un débat de deux heures tenu jeudi soir.
Les aspirants-chefs du parti de la mairesse étaient relativement d’accord sur la plupart des enjeux de l’heure : la crise du logement et de l’itinérance, le financement des transports collectifs et même le soutien aux entreprises locales, en cette ère de guerre des droits de douane déclenchée par Donald Trump, figurent parmi leurs priorités.
L’idée d’imposer un péage ou une forme de taxe sur la congestion, pour limiter le nombre de voitures dans l’île, fait aussi consensus parmi les candidats à la chefferie de Projet Montréal. Une mesure jugée progressiste parmi d’autres qui ont été évoquées au cours d’échanges respectueux, à moins d’un mois de l’élection du prochain chef du parti. Les 6000 membres de Projet Montréal éliront leur nouveau chef le 15 mars.
L’effet Trump, la « rigueur budgétaire » qui règne à Québec et le risque d’élection d’un gouvernement conservateur à Ottawa ont alimenté les discussions tout au long de la soirée.
« Le vent de droite qui souffle sur nous est très préoccupant. C’est dans les villes qu’on va se tenir de debout. On doit faire face aux crises sociales », a lancé Luc Rabouin, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, qui a été président du comité exécutif.
Il est considéré comme un des favoris dans cette lutte à cinq visant à succéder à Valérie Plante, qui a annoncé en octobre dernier son retrait de la vie politique municipale à la fin de son mandat en novembre prochain.
« Les villes sont les derniers remparts du progressisme », a renchéri Gracia Kasoki Katahwa, mairesse de l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Elle a décrit Ensemble Montréal, qui forme l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville, comme des « conservateurs de Montréal » — opposés notamment aux pistes cyclables, un des enjeux les plus clivants dans l’île.
Logement et itinérance
La lutte contre l’itinérance et pour venir à bout de la crise du logement a accaparé une bonne partie des échanges. Il s’agit d’une priorité pour tous les candidats à la succession de Valérie Plante.
Luc Rabouin a souligné que sa dernière décision à titre de président du comité exécutif, avant de se lancer dans la course à la chefferie, a été d’investir 103,8 millions de dollars pour protéger 700 logements où vivent des gens vulnérables du quartier Côte-des-Neiges. Il a proposé la création d’un fonds de 100 millions de dollars pour offrir des garanties de prêt vouées à la création de logements hors marché.
Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, a insisté sur l’importance de réduire les coûts administratifs et les délais de traitement des projets de logements sociaux. Les OBNL paient 20 % des coûts associés au développement de logements sociaux dans son arrondissement. Elle propose d’étendre ces avantages à l’ensemble de la Ville, et de limiter les hausses de taxes foncières des coopératives d’habitation.
Des solutions originales à la crise de l’itinérance ont émergé des débats : Luc Rabouin a proposé de construire 150 unités modulaires par année pour loger des sans-abri. Gracia Kasoki Katahwa a suggéré de construire certaines de ces unités modulaires dans des stationnements d’hôpitaux pour rapprocher les personnes itinérantes des soins de santé dont ils ont besoin.
Soutenir la culture
Ericka Alneus, conseillère dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, a insisté sur le « travail d’écoute » nécessaire pour mieux arrimer les projets de la Ville aux besoins des citoyens. L’administration de Valérie Plante a été critiquée au cours des derniers mois pour des initiatives qui suscitaient de l’opposition, comme la collecte des déchets aux deux semaines dans certains quartiers ou la piétonnisation de rues commerciales.
Mme Alneus a aussi souligné la contribution des industries culturelles — qui traversent une crise de financement — à la qualité de vie dans la métropole.
De son côté, Guedwig Bernier, qui a été président de Projet Montréal entre les années 2020 et 2024, s’est présenté comme le candidat rassembleur pour les Montréalais de tous les horizons. Lui et son collègue Luc Rabouin prônent d’investir massivement dans les voies réservées aux bus, notamment dans les quartiers excentrés, une solution pragmatique d’ici à la mise en place d’un « projet de transport structurant » dans l’est de l’île.
Les cinq candidats proposent d’incarner la vision résolument progressiste de Projet Montréal, le parti fondé en 2004 par Richard Bergeron. Laurence Lavigne Lalonde s’est engagée à aller encore plus loin : « Je ne suis pas la candidate de la continuité, je suis la candidate de la transformation. […] Les gens veulent des candidats qui s’assument. »