L’aide aux entreprises face aux tarifs américains sera de courte durée, dit Legault

Le premier ministre François Legault effectuait une tournée économique en Beauce.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le premier ministre François Legault effectuait une tournée économique en Beauce.

L’aide du gouvernement du Québec aux entreprises en cas de guerre tarifaire avec les États-Unis sera de courte durée, a averti jeudi le premier ministre François Legault en marge d’une tournée économique en Beauce.

À l’ébénisterie Beaubois de Saint-Georges, M. Legault a dit croire que le protectionnisme, « en forte croissance aux États-Unis » est là pour de bon. « Même une fois que M. Trump va être parti », a-t-il précisé.

Le premier ministre s’est dit prêt à aider les entreprises québécoises pendant « un mois, deux mois, trois mois » si le président américain met à exécution sa menace d’imposer des tarifs douaniers américains de 25 % sur les produits canadiens. « Il faut être réalistes, a-t-il plaidé. On ne pourrait pas, si ça dure un an, deux ans, quatre ans, être capables de financer des exportations à perte pour de longues périodes. »

À court terme, Québec n’entend pas venir en aide aux entreprises qui envoient des employés au chômage. L’entreprise montréalaise Sheertex a par exemple mis à pied mercredi 40 % de sa main-d’œuvre en raison d’une « énorme incertitude financière ». Des licenciements ont aussi été effectués à la mine Niobec de Saint-Honoré, tandis qu’Uniboard a suspendu une de ses cinq lignes de production à Sayabec.

« Je pense qu’il y a de l’incertitude, il faut être capable effectivement de prévoir que peut-être, malheureusement, dans les prochains jours, les prochaines semaines, même s’il n’y a pas de tarifs, ça cause de l’incertitude. Il peut y avoir des jobs [perdues] », a-t-il convenu.

Le premier ministre a tenté de recadrer ses propos à propos des chômeurs, à qui il avait suggéré mardi de « se requalifier pour aller travailler sur la construction de nouveaux barrages » ou de rehaussement de barrages. « Je pense que c’était important de rassurer les entreprises manufacturières, il y a toutes sortes de choses qui se sont dites : oui, on regarde pour créer des dizaines de milliers d’emplois chez Hydro-Québec », mais de se requalifier pour ce type d’emploi constituerait un « troisième choix », a-t-il déclaré. Le premier choix, ici, serait de « fournir des liquidités » aux entreprises et le deuxième, de « répondre aux projets de diversification ».

Pas facile de diversifier les marchés

À ses côtés, le directeur général de Beaubois, Éric Doyon, a fait part des turbulences que les menaces du président Trump causent au sein de son entreprise, dont le chiffre d’affaires est de 80 millions de dollars. « Pour nous, c’est majeur : 75 % de notre business est aux États-Unis, il faut traverser la frontière tous les jours », a-t-il souligné. Dans son ébénisterie, des travailleurs s’affairaient entre autres à assembler des banquettes destinées au Ford Hub, l’immense siège social du fabricant automobile à Dearborn, au Michigan.

« C’est sûr que des contre-tarifs [de la part du Canada] ne nous aideront pas, c’est certain », a ajouté M. Doyon. Son entreprise utilise souvent du chêne blanc des États-Unis. Dans l’autre sens, les tarifs risquent aussi de l’affecter. « Il y a un client, entre autres, qui nous a dit qu’il ne prendrait pas les tarifs », a-t-il souligné.

Une aide de deux ou trois mois en cas de tarifs, « c’est déjà un départ », a souligné M. Doyon. Il a dit entrevoir la possibilité de diversifier ses marchés pour se tourner vers le reste du Canada. En revanche, il lui apparaît plutôt difficile de faire des affaires avec les pays de l’autre côté de l’Atlantique. « Aller en Europe, pour nous, ce n’est pas réaliste : transporter par bateau, ce n’est pas quelque chose qui peut se faire », a-t-il affirmé.

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