Mark Carney, le superhéros canadien

Au moment où le pape François est gravement malade (on lui souhaite un prompt rétablissement !), ne serait-il pas approprié de proposer la candidature de Mark Carney pour sa succession ? Après tout, M. Carney n’a-t-il pas été nommé en 2015 par l’hebdomadaire britannique The Tablet « catholique le plus influent du Royaume-Uni » ? Je parie que peu de lecteurs du Devoir étaient au courant de cette divertissante anecdote à propos du futur potentiel premier ministre du Canada. J’écris « futur premier ministre » en étant conscient que viendront bientôt avec ce titre les mentions « sauveur » et peut-être même « refondateur » du Canada.
C’est l’avantage avec la politique-fiction ; on peut lui faire dire n’importe quoi…
À l’ère des superhéros de Marvel, il fait bon de découvrir que le Canada aura bientôt le sien propre en la personne de cet ancien président de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. C’est ce que nous annoncent sondages et médias canadiens depuis quelques semaines. Et c’est doté de ses superpouvoirs qu’il affrontera le vilain Donald Trump, qui menace d’avaler notre beau grand pays, ce qui nous permet enfin de comprendre ce que la Vierge Marie voulait dire à Fatima par cette mystérieuse affirmation : « pauvre Canada ! »
Comme le redoutable président américain, Mark Carney possède le plus recherché de tous les pouvoirs, celui de la négociation. C’est ainsi qu’il suggère d’entamer aussitôt élu (une victoire facile, les mains dans le dos…) une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, remplacé depuis 2020 par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. « Habile », dirait la légende du contre-espionnage français l’agent OSS 117, d’autant plus que le Donald ne s’y attend pas le moins du monde.
C’est bien connu, aucune stratégie n’est meilleure que celle de prendre l’ennemi par surprise. Il fallait y penser ! Une fois le Donald coincé par sa nouvelle signature, il ne pourra jamais la renier ou la trahir. Les vilains ont quand même un peu d’honneur…
L’autre superpouvoir de Mark Carney est celui du superbanquier qui maîtrise parfaitement les chiffres. Il peut vous transformer en un claquement des doigts le déficit le plus monstrueux en baisses d’impôts et en investissements substantiels dans le militaire. Jamais un déficit n’aura disparu d’un bilan gouvernemental aussi vite qu’avec Mark. Et le plus beau de l’affaire : cette alchimie budgétaire ne demandera guère plus que quelques années de superpouvoir.
Et à ceux qui demandent pourquoi notre superhéros n’a pas fait profiter de ses talents à notre cher Justin Trudeau pendant ses trois mandats, la réponse est simple : c’est aux superpuissants qu’incombent les superpouvoirs. Il fallait attendre le bon moment, et ce moment est finalement arrivé. Mesurez-vous la chance que nous avons ?
Enfin, comme tous les superhéros, Mark n’a pas besoin de bosser et d’apprendre à la dure. La politique est pour lui une science infuse. Comme l’apprentissage du français, qui se fera par osmose pendant les débats. Après avoir facilement neutralisé la traîtresse Chrystia Freeland et les autres téméraires candidats libéraux à la chefferie du Parti libéral du Canada, il ira terrasser « The Axeman », alias Pierre Poilievre, pendant la campagne électorale, sauvant ainsi le Canada des abîmes de la droite conservatrice, tout en anéantissant d’une chiquenaude l’ignoble séparatiste Yves-François Blanchet du même coup.
Et, bien sûr, après viendra le tour de Donald. L’Amerloque n’a qu’à bien se tenir.
Et quand le travail sera fait et bien fait, à lui, le Vatican. À moins qu’il ne retourne de l’autre côté de l’Atlantique pour une autre mission. J’ai entendu dire que l’Union européenne avait besoin d’aide…
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