«Parthenope»: beauté et vacuité

Dans les eaux turquoise de la baie de Naples, une silhouette féminine flotte comme une sirène alanguie. En l’occurrence, une telle créature aurait déjà vécu là. Mais c’était jadis, au temps où la ville était une colonie grecque surnommée Parthénope. Or, Parthénope est justement le prénom de la nageuse, une jeune femme vivant avec sa famille dans une villa, en surplomb. Partout où elle va, Parthénope sème l’émoi par sa sidérante beauté, laquelle n’a d’égale que la taille de son intellect. Avec son nouveau film intitulé, on l’aura compris, Parthenope, Paolo Sorrentino se fourvoie au gré d’une suite de tableaux tantôt complaisants, tantôt esthétisants.
Dévoilé en compétition au Festival de Cannes, d’où il est revenu bredouille, Parthenope échoue en l’occurrence sur un point fondamental : rendre captivante une héroïne pourtant censée être envoûtante.
Certes, la caméra du réalisateur de La grande beauté (La grande bellezza) et de Youth (Jouvence) est manifestement en pâmoison devant l’actrice Celeste Dalla Porta (dont c’est là le premier long métrage). Il n’empêche : en guise de raison d’être pour un film, c’est mince.
Ça l’est encore plus considérant la performance monocorde que livre la comédienne. Est-ce imputable à un registre limité ou aux souhaits du cinéaste ? On ne saurait dire. En l’état, le personnage ne suscite aucune émotion.
C’est donc à distance qu’on suit Parthénope au sein d’une structure narrative épisodique en mal de cohésion. Entre une carrière d’actrice facilitée par son apparence et des études en anthropologie qui lui permettraient d’étancher sa soif de savoir, la jeune femme hésite un moment.
En route vers son destin, Parthénope croise ainsi une kyrielle de personnages disparates, dont chacun la dissuadera ou la confortera dans sa voie. Entre un frère qui lui voue un amour trop intense, un ami de la famille tout aussi épris, un professeur misanthrope qui reconnaît son brio académique, un ecclésiaste libidineux, une ancienne star recluse, une vedette méprisante et un écrivain alcoolique en proie à la mélancolie, Parthénope a un carnet de bal trop rempli.
Ampoulé
Tout cela est mis en scène avec le panache attendu de la part de Sorrentino, quoique c’est souvent ampoulé pour aucune raison particulière, notamment les scènes initiales à la villa, qui ont des allures de pub de parfum.
On retrouve en outre une abondance de références, fussent-elles artistiques ou historiques, mais à l’instar de la construction, ça manque de rigueur ; c’est brouillon.
On signalera, cela dit, deux magnifiques idées : avoir confié le rôle de l’écrivain déchu à Gary Oldman (Darkest Hour ; Mank), qui convoque le souvenir de Tennessee Williams, et celui de la version âgée de Parthénope à Stefania Sandrelli, une figure emblématique du cinéma italien (Divorce à l’italienne ; Le conformiste). C’est peu. Quant au reste, c’est surtout beaucoup de poudre aux yeux.