«The Unbreakable Boy»: un film brisé

Après un mariage précipité par une grossesse surprise, Scott et Teresa apprennent à vivre avec le fait que leur fils Austin, en plus d’être affligé de la même « maladie des os de verre » que sa mère, est également atteint d’un trouble de l’autisme. Un deuxième enfant plus tard, rien ne va plus au sein du couple, entre autres à cause de l’endettement provoqué par la double condition médicale d’Austin. Pendant que Teresa s’en remet à Dieu, Scott sombre dans l’alcoolisme. Entre édification, mièvrerie et spiritualité au rabais, The Unbreakable Boy ennuie solidement, même s’il est « basé sur une histoire vraie ».
D’ailleurs, heureusement que la dimension « fait vécu » est établie d’emblée. En effet, si ce n’était de cela, la surabondance de mauvaises décisions et surtout de graves mensonges par omission qu’enchaînent Scott (Zachary Levi, très loin des superproductions Shazam !) et Teresa (la seconde saison de The White Lotus) paraîtrait complètement invraisemblable.
Or, non content de composer avec des situations imposées repoussant les limites de la crédibilité, le scénariste et réalisateur Jon Gunn a eu l’idée d’affubler Scott d’un ami imaginaire « comme dans Fight Club », dixit le principal intéressé. Peut-être cette touche de réalisme magique était-elle convaincante sur papier, mais à l’écran, cela ne fonctionne tout simplement pas.
Confident et surtout vecteur d’humour qui tombe à plat, « Joe », comme il se prénomme, semble appartenir à un film différent.
Prompt à l’apitoiement et à la fuite en avant, Scott est le vrai protagoniste. A contrario, le film n’accorde que peu de profondeur (et d’intérêt) à Teresa. Pour autant, c’est leur fils Austin (Jacob Laval) qui fait office de narrateur : si le personnage est craquant, le procédé est, lui, beaucoup trop envahissant.
Récit bancal
Sur le plan de la construction, le récit s’avère bancal, entre situations inabouties et points d’orgue dramatiques placés n’importe où. Lors du troisième acte, le message religieux devient très insistant, comme c’était d’ailleurs le cas dans Ordinary Angels, autre film de Jon Gunn basé sur une histoire vraie et abordant des thèmes similaires (« l’évangélisation primant alors presque la narration », écrivait-on).
Formatée, la facture modeste et un peu factice correspond à celle d’une production pour plateformes numériques, plus qu’à celle d’un film destiné au grand écran.
Enfin, il convient de signaler que The Unbreakable Boy a été tourné en 2020. Prévue en 2022, la sortie fut, à quelques jours d’avis, reportée à une date indéterminée. Devant le résultat, on comprend pourquoi.