Les partenariats autochtones du Québec dans l’éolien, un «modèle positif»

Dans les grands projets éoliens qui verront le jour au Québec d’ici 2035, les Autochtones jouent un nouveau rôle : celui d’actionnaires, aux côtés des MRC et d’Hydro-Québec. Un « modèle positif » pour le reste du pays, croit James Jenkins, le directeur général d’Indigenous Clean Energy.
« D’un bout à l’autre du Canada, nous avons vu la participation autochtone augmenter très rapidement dans les projets d’énergie propre. À ce chapitre, le Québec est très ambitieux », affirme celui dont l’organisation aide les Premiers Peuples à s’engager dans les énergies renouvelables, notamment en fournissant de la formation et du mentorat.
Les trois grands projets annoncés par Hydro-Québec dans la dernière année impliquent tous des communautés autochtones (innue, attikamek et malécite) et totalisent 5000 mégawatts (MW). Les partenaires communautaires, qu’ils soient autochtones ou municipaux, contrôlent ensemble 50 % de chaque parc et empochent la moitié des profits.
Ces projets éoliens sont d’une ampleur inédite au Canada. Ailleurs au pays, les parcs éoliens où les Premiers Peuples sont partenaires produisent généralement 100 ou 200 MW, précise M. Jenkins, un membre de la Première Nation de l’île Walpole, dans le sud de l’Ontario, qui a lui-même piloté une participation autochtone dans deux projets.
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Depuis les années 1990 et jusqu’à récemment, un autre modèle de participation autochtone prévalait. Les promoteurs signaient des ententes prévoyant le versement d’une partie des bénéfices aux communautés. Toutefois, peu à peu, ces dernières ont voulu approfondir leur implication, raconte M. Jenkins. « On voit [maintenant] une transition survenir », dit-il. Comme les plus récents projets québécois en témoignent, les communautés autochtones signent dorénavant des clauses de participation. Elles deviennent actionnaires et disposent d’un siège à la table des décisions. « L’impact sur l’économie locale est positif », estime-t-il.
Ce nouveau modèle permet un développement plus rapide des projets — et est respectueux des droits autochtones, selon lui. En outre, les représentants des communautés peuvent plus facilement proposer des modifications aux projets afin de limiter leurs répercussions négatives sur l’environnement et sur les pratiques traditionnelles, comme la chasse.
Selon la Régie de l’énergie du Canada, on comptait 120 projets d’énergie renouvelable dans des réserves ou sur des territoires traditionnels autochtones durant la décennie 2010-2020. Du lot, la moitié étaient détenus en tout ou en partie par des communautés des Premières Nations, métisses ou inuites.
Ce texte fait partie de notre section Perspectives.
Au Québec, le projet éolien Apuiat de 200 MW, qui est sur le point d’entrer en service sur la Côte-Nord, implique un actionnariat autochtone. La nation innue touchera 50 % des profits ; l’entreprise Boralex, l’autre moitié. Avant même qu’Hydro-Québec dévoile sa nouvelle stratégie éolienne, au printemps 2024, ce projet ouvrait la voie à l’émergence d’un nouveau modèle de participation autochtone.
Vers 2010, le complexe hydroélectrique La Romaine, toujours sur la Côte-Nord, reposait plutôt sur le versement de compensations financières aux Innus. Plus de 100 millions de dollars sont prévus au fil des décennies, mais les négociations — menées de « mauvaise foi » par Hydro-Québec, selon le tribunal — ont créé des tensions.