Au procès Rozon, une femme témoigne de la violence de son agression

Le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, se défend des allégations en soutenant que les relations étaient consentantes ou qu’elles n’ont pas eu lieu.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, se défend des allégations en soutenant que les relations étaient consentantes ou qu’elles n’ont pas eu lieu.

Autre jour au procès civil de Gilbert Rozon, autres allégations d’agression sexuelle. Mercredi, une femme a témoigné d’une relation sexuelle d’abord consentante qui se serait transformée en agression lorsqu’il l’a sodomisée avec violence pendant qu’elle pleurait et lui disait d’arrêter.

L’identité de cette femme est protégée par un ordre du tribunal.

Gilbert Rozon est poursuivi pour 14 millions par neuf femmes qui allèguent avoir été agressées sexuellement. Le fondateur de Juste pour rire se défend en soutenant que les relations étaient consentantes ou qu’elles n’ont pas eu lieu. Il offrira plus de détails lors de son témoignage très attendu.

La témoin a relaté mercredi avoir rencontré M. Rozon quand elle avait 28 ans et qu’elle travaillait dans un restaurant « branché » de Montréal qu’il fréquentait. Elle était attirée par lui et sentait que c’était réciproque. Ils avaient pris un verre ensemble à deux reprises. Après l’une de ces occasions, il a offert de la reconduire chez elle. Elle soutient ne pas l’avoir invité à entrer : le chauffeur de la voiture, après avoir refermé la porte, lui aurait dit qu’elle avait bien fait.

Puis, il y a eu cette invitation à souper dans un restaurant chic de la métropole. Après une belle soirée, ils sont rentrés chez elle, avec l’intention d’avoir des relations sexuelles, a-t-elle confirmé.

Selon sa version des faits, l’homme l’aurait déshabillée et enlevé ses collants pour les enrouler autour de ses mains, ce qui les a entravées. Il a fait ça doucement, dit-elle. Mais c’est allé très vite par la suite, alors qu’il l’a rapidement retournée sur le ventre : « Il m’a épinglée sur le matelas et m’a sodomisée comme une brute », a-t-elle allégué.

« J’ai hurlé de douleur »

Elle sanglotait et lui disait d’arrêter, a-t-elle précisé au procès. Elle a décrit d’ailleurs cette douleur comme la plus « stridente » qu’elle eut jamais ressentie. Quand ce fut terminé, elle « pleurait à grands sanglots » alors que lui portait encore ses jeans, qu’il n’avait pas enlevés. Elle rapporte qu’il a alors dit : « Mon Dieu, on dirait quasiment que ça t’a fait du bien. »

Il a dit ça « comme un psychopathe » : « comment tu dis ça à quelqu’un qui sanglote devant toi ? », a-t-elle lancé dans une salle de cour du palais de justice de Montréal. La voix étranglée, elle a déclaré avoir eu tellement honte : « cette pratique-là, non consensuelle, ça te réduit à néant. »

Gilbert Rozon lui a envoyé un bouquet de fleurs le lendemain qu’elle a « garroché aux poubelles ». Elle allègue avoir mis des semaines à s’en remettre car elle avait très mal.

En contre-interrogatoire, Me Laurent Debrun l’a questionnée sur ses déclarations faites aux policiers : ne leur avez-vous pas dit que la relation sexuelle était consentante ? Oui, a-t-elle reconnu en ajoutant cette précision : elle l’était jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus, « quand il est devenu violent ».

La seule personne à qui elle en a parlé est son amie depuis 36 ans, la réalisatrice Lyne Charlebois, qui est demanderesse dans la présente action en justice. Et elle ne s’est confiée — dans les années 1990 — que lorsque Mme Charlebois lui a elle-même déclaré qu’il l’avait violée.

Le procès se poursuit jeudi.

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