Le Canada pourrait contribuer au maintien de la paix en Ukraine, suggère Mélanie Joly

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré mardi qu’elle souhaitait que le Canada joue un rôle dans le maintien de la paix en Ukraine après la fin de la guerre contre la Russie.
« Nous voulons participer à ces discussions concernant les garanties de sécurité », a déclaré Mme Joly lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Bruxelles. « Nous voulons participer aux discussions liées à l’implication d’un plus grand nombre de Canadiens dans la protection de l’Ukraine. »
La ministre termine ses visites en France, en Allemagne et en Belgique qui, selon elle, ont été axées sur la défense des emplois canadiens et le renforcement de la défense du Canada.
Mélanie Joly et d’autres ministres fédéraux ont lancé un blitz diplomatique en réponse aux menaces répétées du président américain Donald Trump de frapper les alliés avec des tarifs douaniers et de suspendre la coopération militaire.
Le continent n’est pas pleinement conscient des risques que les politiques de M. Trump représentent pour le Canada, a soutenu Mme Joly.
« Il était nécessaire pour moi d’être en Europe pour leur dire exactement ce qui se passe, pour m’assurer que nous coordonnerions toute forme de réponse aux tarifs douaniers et que nous serions ensemble pour défendre notre sécurité nationale et notre souveraineté », a-t-elle expliqué.
La visite de Mélanie Joly sur le continent intervient après que le président américain s’est engagé à tenir des pourparlers avec des responsables russes pour mettre fin à la guerre en Ukraine — qui a commencé avec l’invasion de Moscou en 2014 et s’est transformée en une guerre à grande échelle il y a près de trois ans.
La ministre des Affaires étrangères a indiqué que le Canada continue de demander aux États-Unis d’inclure des responsables ukrainiens dans ces pourparlers, après que Washington a suggéré que l’Ukraine perdrait du territoire et ne pourrait pas faire partie de l’alliance militaire de l’OTAN. Les responsables de Donald Trump ont également envoyé des messages contradictoires sur la question de savoir si les troupes américaines pourraient aider à faire respecter un accord de paix.
« Nous ne pouvons pas laisser la Russie agir sans contrôle », a affirmé Mme Joly, expliquant que mettre fin aux combats aux conditions de Moscou ne ferait qu’encourager la Russie à déstabiliser davantage l’Europe. « On sait très bien que le président Poutine n’a pas de ligne rouge et qu’après l’Ukraine, il peut très bien s’en prendre aux territoires de l’OTAN. On sait très bien aussi que le Canada est un voisin de la Russie en Arctique. »
« Le sort de l’Ukraine est également le sort de la sécurité en Europe et de la sécurité en Amérique du Nord », a analysé Mme Joly.
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Depuis des mois, les pourparlers entre le Canada et l’Union européenne (UE) sur un partenariat en matière de sécurité et de défense se poursuivent. Il s’agirait d’un accord similaire à celui signé par Bruxelles avec le Japon et la Corée du Sud concernant les exercices navals conjoints, et avec des pays extérieurs à l’UE concernant les infrastructures sous-marines.
Mélanie Joly a assuré que les négociations entre Bruxelles et Ottawa « avancent à un bon rythme ». Elle a ajouté que tout accord porterait probablement sur « l’approvisionnement en matière de défense et sur la possibilité de partager davantage de renseignements et d’informations », étant donné que le Canada et de nombreux membres de l’UE font déjà partie de l’alliance militaire de l’OTAN.
La menace tarifaire vue de l’Europe
Même si les Européens sont réceptifs à l’idée de liens plus étroits avec le Canada, beaucoup ne comprennent pas pleinement comment l’administration Trump met à mal l’économie canadienne. C’est la réponse que Mme Joly a donnée lorsqu’on lui a demandé pourquoi peu de dirigeants nationaux se sont prononcés contre les menaces du président américain visant le Canada.
« D’après mes conversations avec de nombreux collègues européens, beaucoup d’entre eux ne sont pas nécessairement complètement conscients de ce qui se passe, d’abord aux États-Unis et ensuite au Canada. Chaque pays du monde regarde sa propre réalité, a-t-elle expliqué. Je pense que cela a été un signal d’alarme pour les Européens, qui ont compris ce que nous traversons. »
La ministre a noté qu’elle n’avait pas évoqué les commentaires de Donald Trump sur l’absorption du Canada par les États-Unis avec le secrétaire d’État Marco Rubio lors d’une réunion avec ses collègues du G7 en Allemagne. Elle a dit avoir répondu lorsque certains sénateurs américains « ont fait des blagues à ce sujet » en marge d’un sommet à Munich.
« Je pense que certains sénateurs américains n’ont pas conscience, nécessairement, que les commentaires sur le 51e État sont des commentaires qui maintenant ne passent plus au Canada », a rapporté la cheffe de la diplomatie canadienne. « Et donc je suis très claire avec eux, c’est offensant, et ils ne sont pas appropriés ni acceptés. »
« On s’attend à ce que les Américains nous respectent, comme pays, comme peuple, a continué Mme Joly. Je leur mentionne toujours qu’ils n’ont qu’à regarder un match de hockey contre un club pour voir à quel point les Canadiens sont fiers en ce moment et sont très unis par rapport à la menace tarifaire et je pense que le message passe très clairement. »
Mélanie Joly se rend ensuite en Afrique du Sud pour une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, où elle tentera de déterminer comment la position du Canada à la présidence du G7 pourrait refléter les priorités du groupe plus large du G20.