Quelle noirceur?
La formule est frappante : la démocratie meurt dans la noirceur.
Encore faut-il percer de quoi est faite cette noirceur.
De peur, de complaisance, d’impossibilité de rester intègre dans son travail.
De volonté de vivre malgré tout, de sauver son emploi ou son entreprise, de réduire les dégâts.
D’amour pour ses proches, qu’on ne veut pas exposer à des représailles ou à la honte publique.
De défaite face à la destruction de ce qu’on avait bâti et qui est soufflé d’un coup par des décisions autoritaires et insensées.
De réflexes individualistes, alors que seule la solidarité peut lutter efficacement contre la domination et l’injustice.
De sentiment d’impuissance face aux stratégies de choc utilisées par le pouvoir.
De bien des facteurs et sentiments complexes.
Quand on a vécu dans une société dictatoriale, on sait cela. Mais ici, aujourd’hui, les gens ne l’imaginent même pas.
Si les nouvelles ne suffisent pas à nous le faire sentir, on peut essayer d’en parler avec des personnes immigrantes qui l’ont vécu dans leur pays d’origine (mais attention à ne pas arriver avec nos gros sabots dans ces jardins fragiles : empathie et bonté sont de mise).
On peut lire des récits issus de dictatures aussi : ils abondent. Ou des analyses faisant le parallèle entre l’actualité et la montée d’autres dictatures dans le passé. Ça nous permet d’analyser nous-mêmes ensuite.
La résistance est difficile. Quand les médias sont asservis, elle devient encore plus ardue, il y manque de l’information, un lien public, une preuve quotidiennement renouvelée qu’elle existe et s’exprime.
Soutenons l’indépendance des médias.