Le libéral Enrico Ciccone revendique le droit de s’opposer aux coups de poing dans le hockey

Enrico Ciccone affirme avoir entendu le premier ministre dire, une fois les micros fermés mardi, qu’il n’aurait «jamais eu de carrière» s’il n’avait jamais jeté les gants. «C’est blessant», a-t-il laissé tomber.
Photo: Karoline Boucher La Presse canadienne Enrico Ciccone affirme avoir entendu le premier ministre dire, une fois les micros fermés mardi, qu’il n’aurait «jamais eu de carrière» s’il n’avait jamais jeté les gants. «C’est blessant», a-t-il laissé tomber.

Se disant blessé par les propos du premier ministre François Legault sur son passé de dur à cuire, le député libéral Enrico Ciccone revendique le droit de s’opposer aux bagarres dans le hockey. « Encore une fois, ça prouve qu’à l’âge de 54 ans, je dois démontrer que je suis une personne intelligente […] qui est capable de défendre les gens », a-t-il lancé mercredi.

L’élu de Marquette, dont la carrière d’une dizaine d’années dans la Ligue nationale de hockey a été ponctuée par les bagarres — il a récolté 1469 minutes de pénalité en 374 parties —, continue son combat contre « les coups de poing sur la gueule » à tous les niveaux du hockey.

Mercredi, il a déposé au Salon rouge une motion condamnant « tout propos faisant l’apologie des combats et de la violence », un jour après que le premier ministre eut soutenu qu’il y avait « des pour et des contre », du moins dans le hockey professionnel. Le gouvernement a refusé d’en débattre, avant de proposer quelques minutes plus tard d’adopter le principe de son projet de loi faisant du hockey le sport national du Québec.

Interpellé en Chambre mardi, le premier ministre Legault avait dû expliquer pourquoi il avait affirmé en début de semaine que les batailles pouvaient être une « bonne idée », quand « on veut se venger d’un coup vicieux ».

« Une chose qui est certaine, [c’est que] ce qui est arrivé samedi soir avec les deux frères [Brady et Matthew] Tkachuk, où il n’y avait pas eu de coup vicieux puisque la partie n’était pas commencée, je pense que ça n’a pas sa place », a-t-il dit, écorchant au passage M. Ciccone : « comme ça n’avait pas sa place, le rôle que jouait le député de Marquette quand il jouait au hockey ».

Des propos « blessants »

Le député libéral affirme d’ailleurs avoir entendu le premier ministre dire, une fois les micros fermés mardi, qu’il n’aurait « jamais eu de carrière » s’il n’avait jamais jeté les gants. « C’est blessant », a laissé tomber M. Ciccone mercredi, quelques heures avant de déposer sa motion.

L’élu affirme avoir longuement cheminé depuis qu’il a accroché ses patins.

« Des coups de poing sur la gueule, que tu aies 16 ans, 15 ans, 14 ans, ou 25, ou 30 ans, là, avec toutes les études qu’on a aujourd’hui, ce n’est pas bon », a-t-il souligné. « Moi, j’ai des collègues qui se sont suicidés, dont Chris Simon l’année passée. Je vais vous parler [de] Todd Ewen… Je peux tous vous les nommer. »

M. Ciccone s’est également tanné de se faire reprocher de s’opposer aux bagarres malgré son passé. « Aussitôt que j’ai porté le flambeau de l’antiviolence, […] c’est sûr que je me suis fait traiter de tous les noms. “Toi, le grand, tu as fait ça toute ta vie, puis tu as gagné ta vie comme ça. Puis aujourd’hui, bien là, tu es l’apôtre de la non-violence.” Bien, oui, parce qu’à l’époque, on ne le savait pas », a-t-il dit.

Accostée par les médias parlementaires mercredi, la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, a défendu les propos de son premier ministre à l’endroit de M. Ciccone. Elle a rappelé avoir été toujours contre les batailles au hockey, ce qui l’avait d’ailleurs poussée à demander la fin des batailles dans la plus grosse ligue de hockey junior au Québec, la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ).

« Il se passe des choses dans la période des questions, vous savez que c’est comme ça que ça se passe », a-t-elle dit. « Je réitère que le premier ministre a été d’un soutien extraordinaire » pour que les bagarres soient interdites dans la LHJMQ, a-t-elle rappelé.

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