Pas de responsable clair dans le fiasco SAAQclic

Éclaboussé par le rapport dévastateur de la vérificatrice générale sur SAAQclic, le gouvernement Legault limite sa part de responsabilité dans le fiasco et dit avoir été trompé par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) lui aussi.
« De l’information fausse a été donnée au gouvernement », a dit le premier ministre François Legault en réaction au rapport rendu public jeudi matin.
Un peu plus tôt, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, s’était dit en « colère » au sujet des révélations de la vérificatrice générale (VG) du Québec, Guylaine Leclerc. « On a été trompés », a-t-il affirmé.
En 2023, la mise en place du système informatique SAAQclic avait entraîné des retards dans le traitement de milliers de dossiers en plus de forcer la fermeture des services pendant des jours.
L’enquête menée par la VG révèle que des dirigeants de l’organisme avaient caché des informations cruciales sur l’avancement du projet et ses retards avant le lancement. Un fiasco qui a fait passer les coûts du système informatique de 638 millions à 1,1 milliard de dollars sans donner les résultats attendus.
La ministre Guilbault sur la sellette
Jeudi, l’opposition libérale a bombardé le gouvernement de critiques sur le dossier. La SAAQ est sous la responsabilité de la ministre Geneviève Guilbault, a répété le chef intérimaire Marc Tanguay. « La ministre des Transports, elle est responsable en vertu de la loi québécoise de l’administration de la Société de l’assurance automobile du Québec », a-t-il tonné.
En mêlée de presse, cette dernière a, elle aussi, dit avoir été tenue dans l’ignorance par la SAAQ. « Je n’étais absolument pas au courant de ça », a-t-elle soutenu. « J’assume entièrement la part de responsabilité qui me revient », a-t-elle dit aux journalistes, sans la définir.
Quant à savoir si elle aurait pu faire l’erreur de presser la SAAQ à aller plus vite malgré le manque de préparation, la ministre balaie l’hypothèse de la main. « Absolument pas », a-t-elle dit.
Geneviève Guilbault a aussi souligné qu’elle venait tout juste de prendre la tête du ministère des Transports lorsque SAAQclic a été lancé. « Je suis arrivée à la fin octobre 2022, c’était sur le point de se faire. » Avant elle, c’est François Bonnardel qui était à la tête du ministère des Transports et responsable de la SAAQ.
Pendant la période de questions, ce dernier a répété que le ministre Éric Caire et lui avaient suivi le dossier « pendant quatre ans », mais qu’on lui avait « menti ». « Ce dossier-là a commencé avant que j’arrive », a-t-il aussi affirmé en évoquant les gouvernements précédents.
Des réactions inacceptables pour le Parti québécois, qui déplore l’absence de « coupable » pour un « gaspillage de 500 millions de dollars ». « On a un gouvernement en place, un ministère de la Cybersécurité et du Numérique, un ministère des Transports responsable de la SAAQ, un conseil d’administration et un conseil de direction, et, aujourd’hui, personne n’est responsable », a commenté le député Joël Arseneau.
Une enquête appelée à se poursuivre
Québec solidaire réclame quant à lui ni plus ni moins qu’une commission d’enquête. Le député Haroun Bouazzi a rappelé que le gouvernement prévoyait dépenser pas moins de 10 milliards de dollars d’ici huit ans dans la transformation numérique. « Pour réussir la transition numérique, il faut une commission d’enquête […]. Comment est-ce qu’on peut faire, au Québec, pour éviter les fiascos ? »
Sans surprise, le gouvernement n’a pas donné son aval à une commission d’enquête jeudi. Mais certains membres du gouvernement ont avancé qu’il restait des pierres à soulever pour saisir ce qui s’était produit. « On ira au fond des choses pour comprendre ce qui s’est passé à la SAAQ avec ce dossier SAAQclic », a répété François Bonnardel. Geneviève Guilbault a également soutenu qu’il allait falloir « [faire] davantage la lumière là-dessus ».
Avec Marie-Michèle Sioui