Une coalition de 100 organisations écologistes et experts dénonce le «mirage» des oléoducs

«Les crises environnementales ne prennent pas congé parce que Donald Trump a des sautes d’humeur», affirme la coalition.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir «Les crises environnementales ne prennent pas congé parce que Donald Trump a des sautes d’humeur», affirme la coalition.

Au moment où des voix présentent l’accès du pétrole canadien à de nouveaux marchés comme une panacée face aux turbulences américaines venues du Sud, une coalition de 100 organisations écologistes et experts met en garde contre « le mirage » et « la folie de l’énergie fossile » de ce nouvel élan en faveur de l’industrie des hydrocarbures.

L’accession au pouvoir de Donald Trump et d’un gouvernement américain déterminé à bouleverser l’ordre mondial ne doit pas mener le Québec à baisser pavillon après 15 ans de victoire sur l’industrie pétrolière, qui a mené à l’adoption de la loi mettant fin à la recherche et à la production d’hydrocarbures, a tenu à rappeler la coalition en conférence de presse mercredi.

« Le Québec a finalement dit “non” à l’exploration et à l’exploitation des énergies fossiles par voie législative en 2022, après 10 ans de débats, a souligné Patricia Clermont, de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement. Certains veulent profiter de ces temps inquiétants pour nous faire peur et nous faire reculer vers des solutions qui n’en sont pas et qui, au contraire, vont participer à la crise climatique. »

Les promesses de création d’emplois, de diversification des marchés et d’enrichissement collectif avancées par les partisans de l’industrie pétrolière se veulent « rassurantes » dans un contexte où les tarifs douaniers envisagés par la Maison-Blanche menacent de coûter 100 000 emplois au Québec, a indiqué l’économiste Pierre-Antoine Harvey, de la Centrale des syndicats du Québec.

« Par contre, il faut aussi rappeler que l’irréalisme de ces promesses-là a été démontré à plusieurs reprises, tant par les économistes que par les analystes du marché des hydrocarbures. »

L’agitation des « fantômes » d’Énergie Est et du terminal de gaz naturel liquéfié GNL Québec a convaincu le mouvement écologiste québécois de prendre la parole pour lutter contre l’amnésie collective à l’égard des deux projets et rappeler que, depuis leur abandon, les conséquences du réchauffement planétaire ont secoué les communautés de Chapais, de Baie-Saint-Paul, de Jasper et de Los Angeles, entre autres.

« Les raisons environnementales pour lesquelles ces projets ont été rejetés [en 2015 et en 2021] n’ont surtout pas disparu », a rappelé Anne-Céline Guyon, analyste chez Nature Québec. Un oléoduc Énergie Est 2.0 traverserait encore près de 850 cours d’eau, menacerait encore l’approvisionnement en eau potable de plusieurs villes, dont Montréal, et présenterait encore un péril aussi bien pour les écosystèmes que pour la santé humaine, a énuméré la coalition.

« Ça laisserait une cicatrice immense sur notre territoire, a ajouté Jacques Rousseau, secrétaire général du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. Nous voyons mal comment ces projets, rejetés par le passé, deviendraient soudainement plus acceptables au moment où il faut s’engager dans une transition énergétique. »

Si le Québec entreprend de dérouler le tapis rouge devant l’industrie pétrolière, le mouvement écologiste compte se dresser devant ses ambitions pétrolières.

« Ici, au Québec, il n’y a jamais eu d’acceptabilité sociale pour ce genre de projets et il n’y en aura jamais, a conclu Marie-Eve Leclerc, chargée de projet chez Équiterre. [Tenez-vous-le] pour dit. »

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