QS présente un projet de loi pour créer un réseau scolaire «commun» entre le public et le privé

Selon Ruba Ghazal, le système scolaire québécois est «à trois vitesses».
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Selon Ruba Ghazal, le système scolaire québécois est «à trois vitesses».

Québec solidaire (QS) souhaite voir les écoles publiques et privées faire partie d’un réseau commun qui serait gratuit et accessible à tous.

Sa co-porte-parole Ruba Ghazal a présenté, mercredi, le projet de loi 895, afin que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité, peu importe leurs résultats scolaires ou le revenu de leurs parents.

Le projet de loi propose de regrouper au sein d’un réseau commun les écoles publiques ainsi que les écoles privées qui accepteraient d’arrêter la sélection basée notamment sur les notes.

Les écoles privées qui choisiraient de ne pas intégrer ce réseau verraient leur financement public coupé.

Par ailleurs, la pièce législative propose de rendre accessibles les projets particuliers à tous les élèves et d’interdire tout processus de sélection des élèves.

Elle prévoit les mêmes conditions de gratuité et de financement pour l’ensemble des écoles du réseau commun.

Selon Mme Ghazal, le système scolaire québécois est « injuste » car il est « à trois vitesses » : le public régulier, le public avec projets particuliers et le privé subventionné.

Les élèves, dit-elle, sont triés « avec leur bulletin et le salaire de leurs parents ».

« Moi, je rêve d’un autre Québec, a-t-elle déclaré, un Québec où les parents qui ont des plus petits salaires n’ont pas à annoncer à leur fille qu’elle ne pourra pas faire la concentration volleyball. »

En 2016, le défunt Conseil supérieur de l’éducation affirmait dans un rapport que l’école québécoise était la plus inégalitaire au pays, un argument repris par QS, mercredi.

« La logique de marché et du “au plus fort la poche” n’a pas sa place à l’école, a dénoncé le porte-parole de QS en éducation, Sol Zanetti. Il est temps […] d’avoir un réseau scolaire commun afin de garantir l’égalité des chances pour tous les élèves. »

Le projet de loi 895 est inspiré du Plan pour un réseau scolaire commun présenté en 2022 par le groupe citoyen École ensemble. Chose rare : le gouvernement caquiste a refusé le dépôt de ce document en Chambre mercredi.

École ensemble calcule que la création d’un réseau commun générerait, à terme, des économies annuelles de 100 millions de dollars.

Selon un sondage CROP commandé par École ensemble, l’école à trois vitesses serait en perte d’appui populaire au Québec.

La proportion des répondants qui estiment que les écoles financées publiquement ne devraient pas choisir leurs élèves sur la base de leurs résultats scolaires était de 68 % en 2022, comparée à 76 % en 2024, d’après le coup de sonde publié mardi.

« On est les meilleurs », lance Legault

Interpellé à ce sujet au Salon rouge, le premier ministre François Legault a brandi des données provenant du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA).

L’enquête internationale mesure les connaissances des élèves de 15 ans en mathématique, en lecture et en sciences.

« Non seulement le Québec est parmi les meilleurs, mais, dans ces tests, on a une nouvelle section où on compare les résultats des 20 % d’élèves les plus riches avec les 20 % d’élèves qui viennent de familles les plus pauvres », a-t-il commencé.

« C’est au Québec qu’on a l’écart le plus petit. Aux États-Unis, il y a un écart de 260 points, en Suède, 256, au Canada, 244, en Finlande, 242, au Danemark, 230, et au Québec, seulement 225.

« On est les meilleurs. On a le meilleur système où il y a le moins de différence entre les enfants qui viennent de milieux riches et les enfants qui viennent de milieux pauvres. […] On a les meilleurs résultats au monde », a-t-il martelé.

Le premier ministre s’appuie sur des données qui sont « invalides », a plus tard répliqué Stéphane Vigneault, du mouvement École ensemble, en point de presse à l’Assemblée nationale.

« Il y a un taux de participation des élèves du Québec à PISA qui est très faible, un des plus faibles au monde, a-t-il fait valoir. Je serais très prudent avec ces données-là. »

De son côté, Mme Ghazal a invité le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à calculer le taux de décrochage pour le public régulier, le public avec projets particuliers et le privé subventionné.

À l’heure actuelle, le taux de décrochage pour l’ensemble du réseau public est de 18 %, tandis qu’il est d’environ 8 % au privé.

« C’est quoi le taux de décrochage au public régulier versus le public avec les projets particuliers ? a demandé Mme Ghazal. Je suis certaine, sans même avoir fait d’études, qu’il y a un écart entre les deux. »

« Le gouvernement se met la tête dans le sable en disant qu’on a le meilleur système au monde », a-t-elle fustigé.

Lors d’un point de presse distinct où il faisait état de compressions dans le système d’éducation, le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost, a dit accueillir le projet de loi 895 positivement.

« On est pour l’égalité des chances, […] de la petite enfance jusqu’à l’université », a-t-il résumé. 

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