Le premier ministre de l’Î.-P.-É., Dennis King, annonce sa démission

Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King lors de la réunion des premiers ministres à Ottawa, le mercredi 15 janvier 2025.
Photo: Sean Kilpatrick La Presse canadienne Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King lors de la réunion des premiers ministres à Ottawa, le mercredi 15 janvier 2025.

Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, a fait jeudi des adieux émus à ses collègues en annonçant sa démission après ses presque six années à ce poste, qu’il décrit comme très éprouvantes.

Il a déclaré que sa décision, qui entrera en vigueur vendredi à midi, a été prise avec l’intérêt de sa famille, du gouvernement et de la population de l’Île-du-Prince-Édouard en tête. Il a aussi confié n’avoir jamais eu l’intention de rester à vie en politique.

« C’est le travail le plus difficile qu’une personne puisse faire en raison de sa nature publique et de la responsabilité publique complète qui l’accompagne chaque jour », a-t-il expliqué aux journalistes, soutenu par les membres de son caucus.

« Si on parvient à obtenir un soutien de 75 %, c’est un chiffre incroyable. Si on aide 75 % des gens, c’est un exploit incroyable. Mais il y en a 25 % qui ne reçoivent aucune aide. Et à l’Île-du-Prince-Édouard, vous savez de qui il s’agit. »

M. King, 33e premier ministre de l’île, occupe ce poste depuis mai 2019, après que son parti a été élu pour former le premier gouvernement minoritaire de la province depuis 1890. Les conservateurs ont été réélus en 2023, formant une majorité qui détient actuellement 20 des 27 sièges de l’Assemblée législative.

Rob Lantz, l’actuel ministre de l’Éducation, succédera à M. King en tant que premier ministre et chef intérimaire des conservateurs après avoir été choisi à l’unanimité par son caucus jeudi. Les plans quant à la sélection d’un futur chef permanent n’étaient pas clairs, mais la leader parlementaire du gouvernement, Susie Dillon, a indiqué dans un communiqué que M. Lantz dirigerait le gouvernement « dans les jours, les semaines et les mois à venir ».

M. King a déclaré qu’il avait le sentiment de partir sur une note positive et que les progressistes conservateurs gagneraient « assez facilement » si une autre élection devait avoir lieu aujourd’hui. Il a cité les améliorations des soins de santé et la réforme fiscale parmi une liste de réalisations dont il est particulièrement fier.

Il a aussi rappelé que la province avait été confrontée à de nombreux défis tout au long de son mandat, notamment la pandémie de COVID-19, la tempête tropicale Fiona et une épidémie de gale verruqueuse de la pomme de terre en 2021, qui a interrompu les expéditions de cette culture lucrative vers les États-Unis pendant plusieurs mois.

« J’aurais vraiment aimé que nous n’ayons pas à traverser toutes les difficultés que nous avons traversées en tant que province », a avoué M. King lorsqu’on lui a demandé s’il avait des regrets. « Mais on joue avec les cartes qu’on nous a données. » Il a été franc au sujet des problèmes de santé mentale auxquels il a été confronté pendant qu’il dirigeait la province.

« Il y a eu des jours où, comme de nombreux insulaires, j’avais du mal à sortir du lit parce que j’étais fatigué et stressé et que je ne me sentais pas digne », a-t-il déclaré.

Popularité élevée

La menace des tarifs américains sur les produits canadiens, avec les perturbations économiques qui en ont résulté, a également influencé sa décision de se retirer. « Ce ne sera pas une période facile, a prévenu M. King. Ce n’est pas le moment de se donner à moitié. Il faut être à fond. »

Don Desserud, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, estime que le départ de King était soudain, mais qu’il « partait de son plein gré » alors que sa popularité était élevée.

Cette décision témoigne des conséquences que ce poste a eues non seulement sur le premier ministre, mais aussi sur ses proches, a-t-il expliqué, soulignant que M. King a dû faire face à un mandat particulièrement mouvementé, à commencer par la dévastation causée par la tempête tropicale Dorian, quelques mois après son assermentation.

« Autant qu’il ait eu de bonnes idées […], il laisse en héritage le fait d’avoir permis à l’Île de traverser toutes ces crises, a déclaré M. Desserud. Mais au final, chaque fois qu’il commençait quelque chose, une autre demandait qu’on s’en occupe. »

M. King a exclu de se présenter à nouveau aux élections. Sa voix s’est cassée à plusieurs reprises lorsqu’il a remercié sa femme et ses trois enfants de l’avoir soutenu pendant ses six années en politique.

« Ce poste est très difficile et éprouvant pour les familles », a-t-il témoigné, ajoutant que sa femme et ses enfants ont souvent dû passer en second face aux exigences du travail.

Le premier ministre King avait un message à transmettre à son successeur. « À cette personne, je dirais ceci : le poste de premier ministre est un travail très spécial. C’est un poste auquel les Insulaires tiennent beaucoup, ils vous surveillent de très près. Et c’est un travail qui comporte une lourde responsabilité. »

Matt MacFarlane, chef par intérim du Parti vert de la province, a fait remarquer qu’avec le départ de M. King, les trois partis à l’Assemblée législative auront des chefs par intérim alors que la province se dirige vers une période potentiellement turbulente.

« Ce n’est l’idéal de se retrouver sans chef alors qu’il n’y a pas de premier ministre en place », a-t-il déclaré.

Avec des informations de Hina Alam à Fredericton

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