Menace d’annexion aux États-Unis? Les Québécois en ont vu d’autres !

Des menaces de tarifs douaniers qui pourraient plomber l’économie québécoise, un président américain prédateur qui voudrait ajouter une 51e étoile à son drapeau : face à ces dangers, souvenons-nous que les Québécois ont traversé bien d’autres épreuves !
Notre peuple est né et a grandi en dépit de l’adversité d’un climat difficile. En dépit d’une conquête militaire traumatisante au cours de laquelle la Côte-du-Sud entière a été saccagée et brûlée et Québec bombardée sans arrêt. En dépit d’une proclamation royale britannique et de tant d’autres politiques assimilatrices après elle.
Après des années de combats politiques et l’espoir de voir naître une république démocratique et libre sur le modèle américain d’alors, justement, la répression des rébellions des patriotes conduit le pouvoir colonial à emprisonner sans procès, à exiler en Australie ou à pendre au Pied-du-Courant des centaines de personnes. Malgré l’Union qui suit, notre peuple réussit à faire respecter sa langue et certaines de ses institutions les plus vitales.
Sait-on qu’en 1849, ce sont les Rouges qui voulaient l’annexion aux États-Unis ? Ces républicains se sont trouvés momentanément d’accord avec la bourgeoisie d’affaires anglophone pour qui l’annexion était une promesse d’enrichissement. Mais, cette fois-là aussi, comme les autres, notre peuple a résisté.
Après 1840, François-Xavier Garneau, notre premier « historien national » puis une pléiade d’artistes, d’écrivains et d’écrivaines commencent à nous raconter, à nous refléter, à nous inventer sur tous les tons. Au tournant du XXe siècle, nos premiers gens d’affaires fondent des entreprises, une Chambre de commerce à Montréal et l’École des hautes études commerciales. Peu à peu, d’abord par les Églises, puis par l’État, timidement, se met en place notre système de solidarité sociale.
Entre 1840 et 1940, un million — oui, un million ! — des nôtres partent s’installer dans les « petits Canadas » des États-Unis. Parallèlement, nous ouvrons de nouvelles régions en Abitibi, au Lac-Saint-Jean et dans l’arrière-pays gaspésien. Cela mobilise un effort surhumain de courage et d’endurance qui a inspiré plusieurs de nos écrivains, poètes, cinéastes et paroliers : de Louis Hémon à Richard Desjardins et tant d’autres.
Avec la Révolution tranquille, la reconquête de nous-mêmes s’accélère pour un temps. « Qui s’instruit s’enrichit », « Maîtres chez nous », « Égalité ou indépendance », nous construisons des cégeps et des universités, Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et placement, l’assurance maladie, pour ne nommer que ces réalisations parmi tant d’autres. Nous nous donnons — et nous sommes les premiers à le faire en Amérique du Nord — une Charte des droits et libertés de la personne qui s’avère aussi la plus juste du continent.
La connaissance de notre histoire est nécessaire pour appréhender le présent avec résilience et avec une plus grande confiance. Entre nos coups durs et nos succès depuis le dernier demi-siècle, nous sommes restés une nation dynamique et résiliente. Surtout, nous sommes restés une nation de langue française. Une nation coriace !
Que Donald Trump se le tienne pour dit !
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