Faire rayonner le Québec aux États-Unis, une personne à la fois

Professeure de français et chercheuse en sociolinguistique dans une université publique américaine, j’ai consacré ma carrière à connaître et à faire connaître le Québec, ainsi qu’à promouvoir le français québécois en tant que variété légitime de français et la pierre angulaire de l’identité et la culture québécoises. Comme c’est souvent le cas pour ceux qui se penchent sur une société ou une culture, l’objet d’étude devient un objet d’affection.
Il ne serait donc pas exagéré de dire que l’agitation et l’angoisse infligées à la société qui m’est très chère par les menaces du dirigeant actuel de mon pays me touchent profondément. Je suis convaincue de parler au nom de mes nombreux collègues du milieu des études québécoises et canadiennes aux États-Unis, eux aussi perturbés et inquiets.
Parmi l’éclosion de gros titres et de textes ciblant l’impérialisme — qu’il soit culturel ou autre — anglo-américain, décuplé au fil des dernières semaines, un article paru dans Le Devoir m’a particulièrement interpellée. Guy Lachapelle, professeur en science politique à l’Université Concordia, aux côtés de qui j’ai eu récemment l’honneur de faire une communication lors d’un colloque, y souligne qu’« il faut aussi trouver des appuis aux États-Unis dans ce combat ». Il continue : « Il faut faire valoir les atomes crochus avec certains éléments de la classe politique américaine. Trump, ce n’est pas toute l’Amérique […]. »
Sachez, chers Québécois, que vos alliés américains ne se limitent pas à des éléments la classe politique.
Le Conseil américain des études québécoises (The American Council for Québec Studies), dont je suis actuellement présidente, se consacre à la promotion du Québec aux États-Unis, réunissant des professeurs, des chercheurs et des étudiants de diverses disciplines. Notre plus récent congrès bisannuel s’est tenu en octobre dernier à l’hôtel Le Concorde à Québec — un véritable tour de force soulignant le Québec et la langue française, enrichi par la participation d’auteurs, d’artistes et de représentants du gouvernement du Québec et de ses organismes culturels.
Nous comptons actuellement environ 150 membres, qui s’engagent à faire découvrir le Québec à de jeunes Américains et à valoriser son apport culturel et économique auprès d’eux. C’est dans nos salles de classe qu’ils découvrent que la culture et l’identité québécoises sont distinctes de celles du Canada, des États-Unis et de la France, que les Québécois ne se définissent plus comme des « French Canadians », et que le français québécois est un français aussi légitime que celui parlé en France.
Nous publions des articles, des livres et des revues scientifiques sur le Québec. Nous faisons des communications et donnons des conférences sur le Québec à des publics variés. Nous souciant de l’avenir, nous nous investissons dans le développement de la relève. Nous organisons des colloques scientifiques, des ateliers pédagogiques, ainsi que des séjours d’immersion linguistique et culturelle pour nos étudiants. Nous sommes liés d’amitié avec des Québécois.
Non, les États-Unis d’Amérique ne sont pas que Trump et ses partisans. C’est aussi nous, les enseignants et les enseignantes, les chercheurs et les chercheuses qui se consacrent à sensibiliser les Américains à la culture, la langue, et la société québécoises. Nous allons continuer à faire de notre mieux pour les amener à vous connaître et à vous comprendre, à respecter votre langue, votre culture et votre projet de société. Une personne à la fois.
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.