Que diriez-vous à un entrepreneur qui vend 70% de ses produits à un seul client?

Les possibilités pour le secteur agroalimentaire sont intéressantes pour le fromage et les produits laitiers grâce à l’augmentation des quotas d’exportation vers l’Europe, écrit l’auteur.
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir Les possibilités pour le secteur agroalimentaire sont intéressantes pour le fromage et les produits laitiers grâce à l’augmentation des quotas d’exportation vers l’Europe, écrit l’auteur.

Pendant ma carrière de près de 30 ans en développement économique au Québec, j’ai retenu quelques leçons. Combien de fois ai-je vu un entrepreneur à la merci d’un client qui représentait plus de 70 % de ses ventes ? La leçon qui me vient en tête présentement, c’est l’agitation qui arrive lorsqu’un malheur survient, que l’entreprise cliente connaît des difficultés. On panique pour régler le problème sans faire ce qu’il faut pour qu’il ne se reproduise pas. C’est-à-dire diversifier sa clientèle.

La vraie solution s’obtiendra à long terme. Il faudra diversifier nos pays d’exportation. À court terme, il y aura peu de solutions pour les entreprises qui exportent aux États-Unis. On tentera de réagir, mais cela risque de se transformer en agitation avec bien peu de résultats probants.

L’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne (AECG) est notre meilleur atout pour le Québec. L’AECG a pour objectifs de stimuler le commerce, de favoriser les investissements et d’éliminer les obstacles commerciaux. Il est entré en vigueur en 2017. Il donne l’accès au marché européen de plus de 500 millions de consommateurs. Il élimine la plupart des tarifs douaniers.

Le Québec attire davantage d’investissements étrangers grâce à l’accès privilégié au marché européen. Cet accord protège les investisseurs grâce à des mécanismes de résolution de différends, un résultat des accords bilatéraux.

Les défis à relever portent surtout sur les normes européennes plus rigoureuses (ex. : environnement, santé), qui sont différentes de celles d’ici et la concurrence accrue pour certains secteurs locaux. Les perspectives sont intéressantes. L’AECG permet la diversification des marchés d’exportation et peut contribuer à la croissance économique durable du Québec.

Par exemple, les possibilités pour le secteur agroalimentaire sont intéressantes pour le fromage et les produits laitiers grâce à l’augmentation des quotas d’exportation vers l’Europe. De même pour les viandes (bœuf, porc) par l’accès amélioré pour des produits élevés sans hormones. Tout comme pour le sirop d’érable et les produits dérivés, qui profitent d’une forte demande sur le marché européen. Finalement, les fruits et légumes transformés, comme les canneberges, les bleuets sauvages et les cidres artisanaux trouveront un marché.

L’AECG permet un prolongement de la durée de protection des brevets pharmaceutiques jusqu’à deux ans, ce qui profite aux laboratoires innovants québécois qui investissent dans la recherche et le développement. Le Canada et l’Union européenne harmonisent certains processus d’approbation des médicaments, ce qui facilite l’exportation de médicaments développés au Québec vers l’Europe. Les médicaments innovants ont un accès facilité aux marchés européens grâce à l’harmonisation réglementaire. Idem pour les dispositifs médicaux comme les prothèses, les équipements de diagnostic et le matériel hospitalier. Cet accord attire des investissements européens pour la recherche pharmaceutique. Finalement, la production sous licence de médicaments génériques pour le marché européen est possible.

Terminons par un dernier exemple, la construction et les infrastructures. Avant l’AECG, les entreprises québécoises et canadiennes avaient un accès limité aux marchés publics européens en raison de restrictions nationales. Avec l’AECG, elles peuvent maintenant soumissionner pour des projets d’infrastructure dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, notamment dans les secteurs des routes, des ponts, des transports en commun et des bâtiments publics.

Alors, cessons de nous agiter et travaillons d’une façon intelligente !

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