La culture comme pilier

«La culture est ce qui nous rassemble et j’ai envie de rappeler au gouvernement de la Coalition avenir Québec que c’est à travers elle qu’on assure l’intégration des nouveaux arrivants», dit l’autrice.
Photomontage: Le Devoir «La culture est ce qui nous rassemble et j’ai envie de rappeler au gouvernement de la Coalition avenir Québec que c’est à travers elle qu’on assure l’intégration des nouveaux arrivants», dit l’autrice.

L’État québécois a fait le choix d’adopter une politique culturelle vigoureuse lors de la Révolution tranquille. C’est cette politique qui a permis aux Robert Charlebois, Pierre Perrault et Pauline Julien d’être les ambassadeurs du Québec auprès de la francophonie mondiale pendant cette période. C’est aussi elle qui, aujourd’hui, a permis les succès internationaux des Xavier Dolan, Monia Chokri et Yannick Nézet-Séguin.

Pour nous tous, collectivement, c’est à la fois une nécessité et un avantage d’assurer le rayonnement de notre différence nationale.

Plusieurs des institutions qui ont marqué la culture québécoise sont présentement à la croisée des chemins. On apprenait dernièrement que La Bordée, Ex Machina, le Musée régional de Rimouski et l’Orchestre Métropolitain, entre autres, ont subi des coupes qui mettent en péril leur mission. Depuis des mois, les artistes et les organismes culturels multiplient les sorties pour se faire entendre du gouvernement et dénoncent la situation critique de nombreux artisans de notre culture.

Il est urgent de revoir nos façons de faire. Notre modèle s’est adapté, tant bien que mal, aux transformations numériques des dernières années, mais il n’a pas été pensé en fonction des nouvelles réalités. C’est pourquoi nous réclamons la tenue d’États généraux sur la culture. Convoquer l’ensemble des parties prenantes du milieu pour recueillir leurs propositions, inspirées par leur pratique quotidienne et leur connaissance intime des enjeux contemporains comme artistes, artisans, producteurs, diffuseurs et administrateurs de notre culture.

Nous pensons qu’il est temps de voir grand : s’engager à bonifier le financement de la culture d’abord, mais aussi mettre en place une assurance emploi pour les travailleurs du milieu culturel, adopter une politique ambitieuse de découvrabilité et de promotion de la culture québécoise afin de rivaliser avec les Netflix, Spotify et autres géants de ce monde, et réaliser un vrai arrimage entre nos institutions culturelles et notre système d’éducation.

Le Parti québécois est intervenu pour exiger un meilleur accès à nos contenus télévisuels, en demandant l’installation par défaut des logiciels de diffusion de contenu vidéo québécois sur les appareils vendus au Québec. Dernièrement, nous avons aussi demandé au gouvernement d’instaurer l’enseignement obligatoire des classiques de la littérature québécoise à l’école, de ramener le soutien de nos entreprises en effets visuels, de rapatrier le financement fédéral de la culture au Québec et de soutenir nos diffuseurs comme h264.

Les institutions ont également besoin d’accompagnement afin de développer leur expertise en financement privé. Le Québec constitue un environnement d’affaires exceptionnel pour la philanthropie en matière d’arts et il est plus qu’urgent que nous offrions l’accompagnement nécessaire pour que nos théâtres, nos salles de spectacles, nos orchestres et tout l’écosystème culturel se dotent des meilleures pratiques pour faire rayonner leur mission aux yeux des entreprises et des mécènes.

Toutes les nations du monde exigent le respect de leur culture : elle est enseignée dans les écoles, elle est mise en valeur sur les plateformes numériques et elle rythme la vie au quotidien à la télévision, à la radio et dans les librairies.

La culture n’est pas un luxe. C’est au contraire un bien essentiel pour les peuples, et à plus forte raison pour une nation minoritaire en Amérique du Nord. La culture est ce qui nous rassemble et j’ai envie de rappeler au gouvernement de la Coalition avenir Québec que c’est à travers elle qu’on assure l’intégration des nouveaux arrivants. L’élection de Donald Trump aux États-Unis et les questions qu’elle soulève quant à notre identité ont réveillé l’appétit des Québécois pour les produits d’ici : c’est plus que jamais l’occasion de passer de la parole aux actes et de revoir notre modèle, au bénéfice de nos artistes et du public du Québec.

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