Pourquoi le Canada?

À la menace de Donald Trump de tarifs pour le Canada, ma réaction fut d’abord épidermique. Notre voisin et supposé ami, partenaire d’une longue relation commerciale, abuse de sa position dominante pour nous faire fléchir. Au dialogue constructif qu’on veut établir, c’est un non sans équivoque. « Si vous voulez que les produits que vous nous vendez ne soient pas taxés de 25 %, vous n’avez qu’à vous annexer aux États-Unis, point à la ligne », dixit le nouveau président. Un ultimatum qui nous a fait d’abord réagir en tant que Canadiens dans un vaste mouvement d’unité nationale : en quête d’allié, on se replie sous l’aile protectrice canadienne et on cherche à punir l’odieux personnage en boycottant tous les produits issus de son peuple. Voilà, pour une première phase : notre colère a répondu à la menace sans toutefois la conjurer. Mais qu’en est-il vraiment, est-ce qu’un grand mal efface tous les autres en suspens ? Que penser de notre existante unité canadienne ? Pour la première fois dans notre génération, un chef d’État au sud de la frontière remet en question notre attachement à notre patrie ! Ce qui m’amène au constat suivant. Il faut réfléchir à notre histoire, surtout au moment où des élections fédérales prochaines vont se disputer l’amour des Québécois. Et quelle romance ! Une conquête loin d’être amoureuse. Plutôt un mariage arrangé pour la Belle Province et un supposé bon parti anglais, par une mère française qui veut s’en défaire et une belle-mère anglaise opportuniste. En partie un conte familial agrémenté par l’apport de quelques adoptés des Maritimes avant que la propre progéniture du couple ne s’établisse dans l’Ouest. Regardé de haut par son mari qui s’équipe d’une capitale, d’une voie maritime et des cordons de la bourse, l’épouse canadienne du bas doit se résigner à son rôle de soumission chrétienne. L’un après l’autre regarde-t-elle avec peine ses enfants parler la même langue que leur père ! Ses menaces de divorce par deux fois n’y suffisent pas, pas plus que les deux retraites fermées qu’ils eurent à Meech et à Charlottetown. « Tous les quatre ans seulement, je te laisse te plaindre, ensuite tu la fermes ! » affirme son mari royalement borné. Mais voilà que soudain, imprévisible, un séducteur se profile. Fort, musclé, à l’encontre du faible et anémique partenaire. Il promet déjà à la belle de la protéger, de la considérer comme une égale dans son union. Un flirt sans conséquence, peut-être, mais qui fait quand même réfléchir…

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