Que voir dans les centres et galeries d’art cette saison?

Vue de l’atelier de Guillaume Brisson-Darveau et des oeuvres textiles qui seront exposées chez Artexte.
Photo: Guillaume Brisson-Darveau Vue de l’atelier de Guillaume Brisson-Darveau et des oeuvres textiles qui seront exposées chez Artexte.

August Klintberg

La démarche de l’historien d’art Aby Warburg (1866-1929) continue de fasciner. Redécouvert dans les années 1990, Warburg a fait l’objet d’une reconnaissance exponentielle depuis le début des années 2000, entre autres grâce à la publication du livre L’image survivante de Georges Didi-Huberman, en 2002. Son Atlas mnémosyne, une constellation de près de 1000 photos, tissait un réseau de liens morphologiques entre des images de nature très diverses, images où l’art antique occupait une immense part dans l’imaginaire occidental…

La démarche de Warburg interpelle aussi l’artiste August Klintberg, également professeur d’art à l’Université de l’Alberta, qui a souvent pris l’histoire de l’art comme matériau. Une série de collages, sur papier kozo, examinera comment la culture de l’imprimé — dont des images tirées d’un catalogue de sous-vêtements pour homme — lui a permis de développer son identité de genre et même sa sexualité. L’exposition Lookbook d’August Klintberg sera présentée à la galerie Pierre-François Ouellette, du 25 janvier au 1er mars.

Photo: August Klintberg August Klintberg, «Lookbook (E 1-4)», 2025

Guillaume Brisson-Darveau

Comment parler du sida, comment le représenter, l’appréhender ? De plus, quels types d’images et de textes permettent de vraiment lutter contre cette maladie et les préjugés qu’elle entraînait et qu’elle perpétue ? Voilà des questions qui ne furent pas faciles à aborder et qui restent encore complexes dans un monde où, pendant trop longtemps, la société dominante, hypocrite et discriminatoire, préféra éradiquer toute visibilité de la communauté gaie, mais aussi de toutes les autres communautés ou de tous les individus touchés. À la suite d’une résidence de recherche au centre de documentation et d’exposition Artexte, Guillaume Brisson-Darveau nous présentera le fruit de son enquête sur le sujet. Connu pour ses sculptures portables, Brisson-Darveau nous donnera à voir une présentation d’installations textiles qui inclura des liens avec des créations tant d’artistes visuels que d’écrivains. Guérir de ce qu’on peut, de Guillaume Brisson-Darveau, à la galerie Artexte, du 17 janvier au 29 mars.

À lire aussi

Tino Sehgal

Ses participations en 2003, puis en 2005, à la Biennale de Venise propulsèrent le jeune Tino Seghal au-devant de la scène artistique occidentale. Dans un milieu de l’art qui carbure à l’objet d’art décoratif, Sehgal a élaboré un art immatériel basé sur l’échange. Un art qui ne comporte pas — ou si peu — de texte de présentation, ni de photos, ni de catalogue et certainement pas de cossins pour la boutique de souvenirs du musée… La Galerie de l’UQAM nous permettra de revoir — de réexpérimenter, devrais-je dire — This Situation, œuvre présentée et « acquise » il y a quelques années par le Musée d’art contemporain. Le communiqué de presse la décrit tout de même ainsi : « This Situation s’apparente à un salon contemporain où des discussions ouvertes sur un éventail de concepts philosophiques engagent le public dans une réflexion critique sur le monde actuel… » Une occasion de revoir l’art de Sehgal et de juger de son impact, une décennie plus tard. À la Galerie de l’UQAM, en coprésentation avec le MAC, du 14 février au 29 mars.

Abbas Akhavan

Cet artiste né en Iran, qui a fait ses études à l’Université Concordia ainsi qu’à l’Université de la Colombie-Britannique, et qui travaille de nos jours entre Montréal et Berlin, représentera le Canada à la prochaine Biennale de Venise, en 2026. Son art interpelle souvent les liens entre l’histoire et certains lieux marqués par le temps. Lors de sa résidence de production-diffusion PRIM-Dazibao, qui existe depuis 2005, Abbas Akhavan a créé Stable, œuvre qui traite à la fois de l’élevage de chevaux de race et des individus qui ont renoncé à leur carrière dans le monde de l’art. Un sujet d’une grande actualité. Une occasion de faire « ressortir certaines adéquations entre l’art, le spectacle et des exigences de haute performance qui soulèvent la question de savoir jusqu’à quel point un artiste est “choisi” par son art et quels en sont les jeux de pouvoir internes ». Au centre Dazibao, du 24 avril au 14 juin.

Photo: Anahita Norouzi Anahita Norouzi, «The Hunter Hunted, the collector collected», 2024, œuvre de l'exposition «Le poids de l'altitude» chez Nicolas Robert

Sans oublier

Anahita Norouzi présente Le poids de l’altitude, expo qui mettra en scène « le regard d’un arpenteur-géomètre errant entre un site archéologique, une zone militaire et un champ pétrolifère ». Galerie Nicolas Robert. Jusqu’au 22 février.

Le titre de cette expo est déjà tout un programme… De Nénette à Jaune Moutarde. En souvenir de Jacques Hurtubise (1939-2014) réunira 15 de ses toiles créées entre 1968 et 2010. Galerie Simon Blais. Du 18 janvier au 15 février.

Photo: Galerie Simon Blais /Succession Jacques Hurtubise / CARCC Ottawa 2025 Jacques Hurtubise, «Nénette», 1971

Julie Tremble, en collaboration avec Rehab Hazgui, propose La catastrophe ultraviolette, travail issu d’une résidence de recherche à l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires de Strasbourg. Une installation en animation 3D faisant des liens avec la physique quantique. Plein sud, centre d’exposition en art actuel. Du 18 janvier au 29 mars.

Stéphane Gilot nous convie à L’orbe dérobé, expo qui contiendra de nombreux dessins, dont plusieurs de la série Éloge des nuées. Centre Optica. Du 12 avril au 14 juin.

DARE-DARE fête ses 40 ans. Pour souligner l’événement, ce centre d’artistes spécialisé dans « la diffusion des pratiques artistiques dans des espaces diversifiés, notamment l’espace public », évoque la présence « 40 artistes sur 40 lieux pendant 40 semaines ». Dès avril.

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