De la vigne au verre: des vins à savourer avec mesure
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
L’histoire se répète chaque début d’année : les classes de yoga sont pleines et les inscriptions à la salle d’entraînement montent en flèche. La résolution de se mettre en forme est souvent accompagnée d’une diète et d’un mois sans alcool, imposés après des semaines d’excès. Il est difficile d’être contre la vertu de prendre soin de soi, mais combien de temps sommes-nous capables de tenir cette intention qui, il faut le dire, est souvent extrême ? Selon de nouvelles études publiées dans Forbes, seulement 1 % des gens respectent leur engagement. L’excès, qu’il soit dans un sens ou dans l’autre, est rarement soutenable.
Sacrifier le plaisir
Résolution ou non, les gens boivent moins en général. Selon le dernier rapport de l’Organisation internationale de la vigne et du vin, la consommation mondiale a atteint 221 mhl en 2023, soit une baisse de 2,6 % par rapport à 2022. Il s’agit du chiffre le plus bas enregistré depuis 1996. Le déclin est particulièrement marqué depuis 2018, et le Canada n’échappe pas à cette tendance. Avec 4,8 mhl consommés en 2023, le pays a enregistré une diminution de 5,6 % par rapport à 2022.
Les raisons de cette baisse sont multiples, notamment une préoccupation grandissante pour le bien-être physique et mental, la curiosité envers d’autres types d’alcool, une attention accrue à l’image de soi sur les réseaux sociaux et le désengagement des jeunes générations. Même chez les adultes, on observe un désir d’alterner entre des boissons alcoolisées et non alcoolisées.
Le défi, c’est que les vins totalement désalcoolisés (0,5 % à 0,1 %) ou sans alcool (moins de 0,1 %), selon la règlementation européenne, ne sont pas nécessairement satisfaisants pour les papilles gustatives. Il est extrêmement difficile de dénicher une bouteille qui donne envie, et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Les procédés utilisés pour la désalcoolisation des vins, comme l’osmose inverse, la distillation ou l’évaporation sous vide altèrent les arômes, la texture et la structure. Sans la présence d’alcool, les vins deviennent maigres et aqueux. Pour compenser, les producteurs ajoutent souvent du sucre afin de séduire le palais et d’apporter du volume, mais ce n’est pas une combinaison gagnante non plus.
Dans ce cas, pourquoi ne pas plutôt opter pour un mocktail ou une bière sans alcool, qui sont souvent bien meilleurs ? C’est ce que plusieurs choisissent de faire, ce qui explique pourquoi l’industrie du vin investit massivement dans la recherche. L’objectif est de développer une technique permettant de faire un vin sans alcool qui conserve le goût du vin. On voit même cette tendance ici au Québec. Thierry Kobloth du Vignoble Kobloth vient justement de lancer deux vins désalcoolisés, les premiers chez nous.
La modération a bien meilleur goût
Comme expliqué dans la rubrique « Démystifier le sucre », les calories du vin proviennent principalement de l’alcool, bien plus que du sucre résiduel. Si vous souhaitez trouver un juste milieu entre plaisir et équilibre, il est possible de choisir des vins non désalcoolisés, mais avec une teneur en alcool plus faible, pour continuer à savourer un bon vin sans excès.
Avec les changements climatiques, il est vrai qu’il devient de plus en plus difficile de repérer des vins à moins de 13 %, surtout pour les rouges. Cependant, les régions au climat frais, certains cépages comme le riesling ainsi que des vignerons qui récoltent leurs raisins un peu plus tôt permettent de dénicher des perles digestes, remplies de saveurs.
Voici quatre bouteilles qui vous accompagneront dans votre quête d’équilibre sans sacrifier le plaisir de déguster. On se retrouve la semaine prochaine pour célébrer la fête de l’amour.

Domaine de la Grenaudière La Grenouille 2023, Muscadet-Sèvre et Maine sur lie
Grâce à l’influence océanique de l’Atlantique et à un climat frais, le muscadet du Pays nantais reste un incontournable lorsque l’on recherche des vins légers avec un taux d’alcool qui permet de savourer un deuxième verre. La Grenaudière nous offre une version très typique de l’appellation Muscadet-Sèvre et Maine sur lie, à un prix alléchant. Délicat, vif et salin, il dévoile des arômes de pomme verte, de fleurs blanches, et un profil porté par des notes de pâte à pain qui ajoutent texture et relief, tout en arrondissant l’acidité marquée. La prescription idéale pour accompagner les huîtres et les plateaux de fruits de mer. 12 % alc./vol.
16,65 $ — Code SAQ 14234342
Anselmo Mendes Muros Antigos Loureiro 2023, Vinho Verde
On connaît peu le Loureiro, car il se cache souvent derrière l’appellation Vinho Verde, où il est assemblé avec d’autres cépages. Toutefois, ces dernières années, reconnaissant sa qualité, plusieurs producteurs, tels que l’éminent Anselmo Mendes, ont choisi de le valoriser. Cette cuvée nous offre une occasion de découvrir le caractère du Loureiro à un prix abordable. Sec, tonique et légèrement aromatique, il dévoile des nuances oscillant entre le citron vert, la feuille de laurier, la fleur blanche et la nectarine. L’acidité juteuse porte des notes d’amertume noble en finale, qui mettent l’eau à la bouche. Savoureux avec des sushis et des moules au cari vert et au lait de coco. 12 % alc./vol.
16,10 $ — Code SAQ 12455088
Domaine Sérol Éclat de Granite 2022, Côte Roannaise
Situés sur les contreforts granitiques à l’est du Massif central, près des gorges de la Loire, Stéphane Sérol et son épouse Carine nous offrent, d’année en année, une belle expression du gamay Saint-Romain, nom donné au gamay qui s’est adapté au terroir local. Le 2022 est à la hauteur des attentes : gouleyant, avec des notes éclatantes de cerise noire, de canneberge et de prune bleue, soutenues par une touche de poivre et de violette. L’acidité juteuse rehausse le fruit, tandis que les tanins fins et crayeux contribuent à la délicate structure. À servir légèrement frais, accompagné d’un poulet rôti ou d’un magret de canard. 12,5 % alc./vol. En biodynamie.
23,80 $ — Code SAQ 14185000
Arretxea 2022, Irouléguy
Thérèse et Michel Riouspeyrous ont su gagner le cœur des aficionados, car leurs vins sont tout sauf rustiques, une description souvent utilisée pour qualifier ceux d’Irouléguy. On reconnaît le tannat, acteur principal de l’assemblage (70 %), par la structure ferme, les notes ferrugineuses, et la présence du cabernet franc (20 %) et du cabernet sauvignon (10 %) par les arômes de cassis, de myrtille et de cerise noire. Très frais, avec une acidité vivifiante, des tanins puissants et élégants et une trame qui se termine sur une forte impression de minéralité. Un rouge digeste qui rayonne sans l’obstruction du bois et qui gagnera en complexité après cinq à dix ans de cave. Une protéine animale, comme l’agneau, attendrira les tanins dès la première gorgée. 12 % alc./vol. En biodynamie.
34,00 $ — Code SAQ 12097911
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