De la vigne au verre: un toast à nos pionniers
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Un achat écoresponsable commence par la valorisation des produits locaux. Nous avons la chance que le vignoble québécois soit en plein essor et que l’offre ne cesse de croître. Ce dynamisme est le fruit de ceux et celles qui ont eu la vision et le courage d’écrire les premières pages de notre histoire vitivinicole.
La résilience
Au début des années 1980, face à la crise économique, un grand nombre de vignerons du sud de la France s’installent en Amérique du Sud et en Californie. Charles-Henri De Coussergues, quant à lui, choisit Dunham comme terre promise.
En 1982, lorsque De Coussergues plante ses premières vignes pour créer l’Orpailleur, il voit un monde de possibilités et souhaite développer l’oenotourisme. Mais il se heurte au scepticisme et à la loi désuète de 1921, qui interdit aux agriculteurs de transformer leur récolte et de faire la vente directe. Lorsque son premier millésime voit le jour en 1985, il vend ses bouteilles illégalement aux visiteurs. Grâce à son militantisme et à l’aide des journalistes, les lois changent et il obtient un permis artisanal en 1986. Il faudra encore 10 ans pour que les vignerons puissent vendre aux restaurateurs.
Le succès de Charles-Henri tient autant à son savoir-faire qu’à sa résilience. En choisissant des hybrides français résistants au grand froid, comme le seyval et le vidal, et en les protégeant sous terre durant l’hiver, il assure la survie des vignes. Il a ainsi fondé un vignoble durable, réussissant là où plusieurs avaient échoué.
Un deuxième souffle
D’autres vignerons ont suivi cet élan et ont contribué de manière décisive à l’évolution du vignoble québécois. En avril 2000, Véronique Hupin et Michael Marler fondent Les Pervenches à Farnham avec des objectifs ambitieux, révolutionnant à leur tour le paysage viticole. Inspirés par des rencontres avec des producteurs de renom, ils préconisent les cépages issus de vitis vinifera comme le chardonnay et le pinot noir au profit des hybrides pour maximiser la qualité des vins. Ils adoptent la viticulture biologique et la biodynamie et deviennent les premiers au Québec à obtenir les deux certifications. La transformation se fait aussi dans le chai. Une visite chez Marcel Lapierre, grand producteur de Beaujolais, les motive à faire du vin nature non déviant. À leur tour, Hupin et Marler repoussent les limites du possible.
Osez être soi
Le succès viticole repose aussi sur la capacité à créer des vins adaptés à son climat et à son terroir, comme le font Ève Rainville et Marc Théberge au Domaine Bergeville. Inspirés par les vins effervescents émergents en Angleterre au début des années 2000 et voyant un parallèle avec le climat québécois, ils s’installent en 2008 dans les hauts plateaux appalachiens après des recherches confirmant le potentiel du mousseux au Québec. Ils misent sur des cépages hybrides et la biodynamie, se consacrant exclusivement à la production de mousseux élaboré selon la méthode traditionnelle. Leur succès a incité plusieurs vignerons à faire des bulles.
Notre histoire vinicole est en pleine effervescence. Tandis que la relève s’inspire des pionniers, la nouvelle génération promet de laisser sa propre empreinte sur notre vignoble. Le thème du prohain billet portera d’ailleurs sur ces nouveaux talents. Entretemps, voici trois bouteilles dignes du terroir québécois.

L’Orpailleur Brut, Vin du Québec IGP
Ce sont les parents de stagiaires champenois qui encouragent Charles-Henri à faire du vin effervescent en 1991 en utilisant la méthode traditionnelle, soit la plus qualitative. Le résultat est concluant ! Composé à parts égales de seyval et de vidal, ce vin est rempli de caractère. Des notes généreuses de pomme rouge et de brioche arrondissent l’acidité élevée, et le dosage de 5 g/L est complètement intégré. Parfait en apéro avec des gougères.
31,00 $ – Code SAQ 12685625
Les Pervenches Le Couchant, Chardonnay 2023, produit du Québec
Le grand savoir-faire et des vignes âgées de 33 ans donnent naissance à un vin abouti. Des notes de pomme verte et de citron vert sont en harmonie avec les touches subtiles de pain grillé, et la finale saline est pleine de vitalité. Droit sans être anguleux, avec une belle matière en milieu de bouche et une texture crayeuse. Un délice avec des poissons blancs délicats simplement préparés.
39,67 $ – Dans plusieurs épiceries fines telles que chez Hamel et Pascal le boucher ou sur le site Internet des Pervenches.
Domaine Bergeville, le blanc 2022, Vin du Québec IGP
Les vins du Domaine Bergeville expriment avec brio la nordicité du Québec. Marqué par une acidité mordante mais non agressive, le blanc offre un joli profil où les arômes de lime, de citron Meyer et de fleur blanche se mêlent à des notes de pain grillé. Les bulles sont fines et élégantes, et la bouche se termine sur une belle texture crémeuse. Un choix naturel pour accompagner les huîtres.
31,50 $ – Code SAQ 13374562
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Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.