De la vigne au verre: miser sur la viticulture régénérative (suite)
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Dans le dernier billet de cette série sur la viticulture régénérative, nous avons abordé les répercussions positives de l’adoption de cette forme d’agriculture sur notre planète. En plus de favoriser la santé des sols, la croissance de la matière organique et, par conséquent, la séquestration du carbone, elle vise à accroître la biodiversité et à renforcer la résilience des communautés. Ce sont ces actions cumulatives qui contribuent à la création d’un écosystème durable, avec pour objectif une amélioration continue.
Diversifier les plantations
La viticulture est une monoculture, car l’homme a privilégié cette approche pour faciliter le travail à la vigne, ainsi que la mécanisation, et pour favoriser les rendements. Si cette méthode peut être gratifiante à court terme, elle entraîne, sur le long terme, plusieurs problématiques, dont l’appauvrissement des sols, la perte de biodiversité et une plus grande vulnérabilité de la vigne face aux maladies et aux conditions climatiques extrêmes. C’est pour toutes ces raisons que la viticulture régénérative promeut la diversité des cultures au sein d’un vignoble.
On pense souvent qu’un vignoble bien entretenu est celui qui n’a aucune végétation autre que la vigne. Si une telle parcelle peut sembler « parfaite », elle ne s’inscrit pas dans un modèle durable. La présence de couverts végétaux (céréales, légumes, légumineuses, etc.) entre les rangs présente de nombreux avantages : ils attirent les insectes bénéfiques, augmentent la matière organique et les micro-organismes tout en favorisant l’aération du sol et, de ce fait, facilitent la rétention d’eau lors des pluies. De plus, ils réduisent la température de la terre pendant les périodes de chaleur, diminuant la perte d’eau. Le défi pour un viticulteur réside dans la sélection appropriée de ces couverts végétaux, car ceux-ci ne doivent pas entrer en concurrence avec la vigne pour l’eau ou les nutriments et doivent contribuer à un équilibre nutritif dans le sol afin que la vigne reste en bonne santé.
L’agroforesterie
La biodiversité passe aussi par la présence d’arbres. Par exemple, les haies abritent des espèces telles que les chauves-souris, qui peuvent à elles seules consommer dix fois leur poids en insectes en une nuit ! De plus, l’agroforesterie devient un allié dans le contexte du changement climatique, et l’intégration des arbres dans une parcelle présente des vertus qui vont bien au-delà de la captation de carbone. En premier lieu, elle modifie le microclimat en abaissant la température du lieu. Plusieurs recherches sont en cours et les résultats du projet Vitiforest semblent concluants : à Lapouyade, après sept ans, les vignes bénéficient d’un rafraîchissement de 2,5 °C pendant la période de maturation du raisin. Les arbres peuvent également briser les vents dominants, protégeant les vignes du gel lors des vents froids, réduire la perte d’eau de la vigne sous les vents chauds et servir de barrière contre la grêle, atténuant son impact.
Les bienfaits de l’agroforesterie ne s’arrêtent pas là. La collaboration entre les racines des vignes et celles des arbres, à travers les réseaux mycorhiziens, facilite le transfert d’eau et de nutriments vers la vigne, constituant ainsi un avantage supplémentaire. Bien sûr, pour que la vigne et l’arbre cohabitent en harmonie, il est essentiel de prendre en compte le nombre d’arbres par hectare et le type d’arbre choisi.
Le bien-être collectif
La bienveillance des employés est un autre élément essentiel d’un écosystème durable. D’ailleurs, il existe des certifications qui prennent cela en compte dans leurs critères d’évaluation. « Nous privilégions le label Regenerative Organic Certified (ROC) pour son aspect sociétal. Nous devons rémunérer les gens équitablement pour qu’ils puissent vivre dans la même communauté où ils travaillent. Nous fournissons nos relevés de paie… » confie Joseph Brinkley, chef de la viticulture régénérative chez Bonterra Organic Estates.
Les certifications comme ROC ou Regenerative Viticulture Alliance sont relativement récentes, ce qui explique pourquoi on trouve peu de bouteilles sur le marché portant un sceau d’accréditation. Néanmoins, de nombreux domaines réputés, tels que Familia Torres ou Cullen Wines, ont déjà adopté les principes de la viticulture régénérative. Ce qui est certain, c’est que c’est un modèle de société vers lequel nous devons nous tourner. Voici des bouteilles provenant de producteurs qui adhèrent à cette philosophie.

Domaine Fond Croze Confidence Côtes du Rhône 2023
France, Vallée du Rhône
Grenache blanc 70 %, viognier 20 %, roussanne 10 %
Malgré le climat chaud du Rhône méridional, Guillaume Long a réussi à élaborer un blanc généreux, équilibré par une fraîcheur surprenante. La bouche est ample et s’ouvre sur des notes concentrées de fruits à noyau, de fleurs blanches et de pâte d’amande. Doté d’une belle matière, le vin présente des amers nobles et une salinité en finale qui lui donnent relief et profondeur. Un délice avec du bar rayé accompagné d’une sauce au beurre blanc.
19,80 $ — Code SAQ 15301615
Domaine Pattes Loup Vent d’Ange Chablis 2021
France, Bourgogne
Après les millésimes chauds de 2019 et de 2020, 2021 nous offre une année plus classique qui rappelle les chablis d’avant l’arrivée des changements climatiques. Thomas Pico, tout aussi admirable par son engagement environnemental que par la qualité de ses vins, nous propose un vin vif, droit et structuré, rempli de vitalité. Des arômes prononcés de pierres mouillées s’entremêlent aux nuances de zeste de citron, de pomme verte et de fleur blanche. Les notes de pâte à pain et la touche lactée viennent arrondir la verticalité et apportent une belle complexité. Idéal pour célébrer la saison des huîtres.
62,25 $ — Code SAQ 12610789
Château de Nages Héritage Costières de Nîmes, 2021
France, Vallée du Rhône
Grenache 60 %, mourvèdre 25 %, syrah 15 %
Michel Gassier est en bio depuis des années, mais, pour lui, la viticulture régénérative est la démarche ultime. Cette cuvée offre un refuge idéal pour les journées plus froides d’automne. Un rouge gourmand et gorgé de soleil, tout en étant frais et digeste avec des notes généreuses de mûres et de prune ponctuées par la garrigue, le poivre blanc et le balsamique. Cette trame aromatique, alliée à des tannins ronds et bien mûrs, rend le vin très accessible. Parfait pour accompagner un mijoté de boeuf.
21,50 $ — Code SAQ 12268231
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- Le billet de la semaine dernière : Miser sur la viticulture régénérative
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