De la vigne au verre: mieux connaître nos voisins de l’Ontario

Michelle Bouffard
Collaboration spéciale
Le développement durable est au coeur du domaine Stratus Vineyards, qui a été le premier vignoble canadien à obtenir la certification LEED en 2005.
Photo: Photo fournie par le domaine Le développement durable est au coeur du domaine Stratus Vineyards, qui a été le premier vignoble canadien à obtenir la certification LEED en 2005.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Les vignobles de la péninsule du Niagara réussissent à faire des vins qui rivalisent avec les plus grands noms du monde, en partie grâce à la proximité du lac Ontario. Cette étendue d’eau modère les températures extrêmes et joue un rôle crucial dans la viabilité des vignes et la production de vins de qualité. Cependant, les réalités météorologiques de la région demeurent un défi pour les viticulteurs, surtout dans le contexte des changements climatiques.

Des facteurs naturels favorables

Avec ses 5500 hectares de vignes, la péninsule du Niagara est la région viticole la plus productive de l’Ontario. Son climat est unique : l’escarpement du Niagara, une falaise calcaire qui traverse la péninsule, retient l’air provenant du lac et le renvoie au-dessus des vignobles et, grâce à cet effet modérateur, favorise le mûrissement des raisins. Les microclimats varient en fonction de la distance des vignobles par rapport au lac et de l’altitude de ceux situés sur le plateau de l’escarpement par rapport à ceux des plaines. À cela s’ajoute une géologie diversifiée, donnant lieu à dix sous-appellations, chacune se distinguant par des profils singuliers.

Malgré ces facteurs naturels favorables à la maturation du fruit, les hivers rigoureux peuvent entraîner des gelées hivernales et la mortalité des vignes, tandis que les gels printaniers, la grêle, l’humidité et les chaleurs extrêmes durant l’été restent des risques annuels.

Une météo en dent de scie

Par ailleurs, le chaos climatique accentue les événements météorologiques erratiques, rendant la viticulture encore plus complexe. Jim Willwerth, professeur adjoint au Département des sciences biologiques à l’Université Brock et chercheur au Cool Climate Oenology and Viticulture Institute (CCOVI), cite l’exemple de Niagara-on-the-Lake. Il explique que la moyenne des températures des 14 dernières années n’a pas augmenté de manière considérable, même si les saisons sont généralement plus longues. En revanche, on observe des contrastes marqués entre des millésimes très chauds et d’autres plus frais.

Cette variabilité concerne également les précipitations : bien que le total annuel reste relativement stable, les averses sont devenues plus intenses. Les orages violents causent d’importants dégâts, avec des répercussions qui varient selon le moment où elles surviennent dans le cycle végétatif. De fortes pluies peuvent, entre autres, provoquer l’éclatement des baies de raisin, favoriser les maladies fongiques et ainsi réduire les rendements.

À la recherche de solution

Plusieurs stratégies ont été mises en place pour lutter contre le dérèglement climatique, comme l’investissement dans des tours à vent. Ces systèmes brassent l’air, empêchant l’air froid de stagner près des bourgeons, permettant ainsi de combattre les risques accrus de gelées printanières. L’adaptation repose aussi sur le choix des cépages. Bien que la péninsule du Niagara continue de favoriser les cépages phares tels que le pinot noir, le chardonnay, le riesling et le cabernet franc, d’autres options sont explorées pour limiter les pertes de récolte. Debra Inglis, directrice de CCOVI et professeure au Département des sciences biologiques à l’Université Brock, souligne l’importance d’étudier les cépages hybrides récemment créés en Europe qui résistent aux maladies fongiques ou au stress hydrique.

En outre, des températures plus clémentes en hiver, suivies d’épisodes de froid extrêmes sous les -10 °C, posent également problème, car les vignes ont peu de temps pour développer une résistance au froid, ce qui peut entraîner leur mortalité. Il est donc préférable de privilégier des cépages moins sensibles au froid, comme le riesling ou la marquette, plutôt que des variétés plus vulnérables, telles que le merlot.

Finalement, comme partout ailleurs, l’augmentation des maladies et des insectes nuisibles se fait sentir. La recherche, la prophylaxie et la gestion intégrée des ravageurs sont cruciales pour trouver des solutions durables qui limitent ou, au mieux, permettent d’éviter le recours à des traitements chimiques.

Malgré les défis, l’Ontario continue, d’année en année, à délecter nos papilles gustatives. Si la tendance se maintient, le millésime 2024 devrait donner naissance à de grands vins. En revanche, les choses sont plus compliquées pour les vignerons de la Colombie-Britannique, sujet qui sera traité dans le prochain billet.

Voici ci-contre trois belles cuvées pour découvrir le talent de vos voisins.

Bachelder Parfum Pinot Noir 2021, Niagara Peninsula VQA

On reconnaît le doigté du talentueux Thomas Bachelder au profil ciselé et au nez expressif marqué par des arômes de griotte et de pivoine qui côtoient les notes de sous-bois. Tout en légèreté avec une acidité vive, mais intégrée et des tanins fins et élégants. Un joli pinot qui rappelle les effluves de Bourgogne. Fortement recommandé avec une pièce de saumon grillé. 28,10 $ — Code SAQ 14559551

Stratus Vineyards Charles Baker Riesling 2019, Vinemount Ridge VQA

Le développement durable est au coeur de ce domaine, qui a été le premier vignoble canadien à obtenir la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) en 2005. Ce riesling délicat rappelle les vins de la région de la Moselle, en Allemagne. La bouche s’ouvre sur des notes juteuses et concentrées de pêche blanche, de citron et de zeste de lime et le sucre résiduel (15 g/L) est brillamment équilibré par l’acidité mordante. De la dentelle pour les papilles et parfait pour accompagner les plats épicés thaïlandais et indiens. 39,25 $ — Code SAQ 12718482

Hidden Bench Pinot Noir 2021, Beamsville Bench VQA

Depuis la fondation du domaine, Harald Thiel s’efforce de limiter son empreinte environnementale : il génère sa propre électricité avec 135 panneaux solaires, utilise la géothermie, privilégie la viticulture biologique, n’irrigue pas… Et ce pinot impressionne tout autant que ses pratiques vertueuses. Un parfum enjôleur avec des notes généreuses de fraise sauvage et cerise rouge qui se mêlent au soupçon de vanille et de feuille morte qui ajoutent profondeur et complexité. La bouche est enveloppante, offrant un joli contraste entre la maturité du fruit et l’acidité juteuse ; le tout cadré par des tanins soyeux. Un appel pour le gibier et les morilles. 39,75 $ — Code SAQ 12582984

À lire aussi

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo