De la vigne au verre: l’élan durable de la relève québécoise

Michelle Bouffard
Collaboration spéciale
Le domaine L’espiègle, à Dunham
Photo: Photo fournie par le vignoble Le domaine L’espiègle, à Dunham

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

On ne boit plus du vin québécois seulement par solidarité ; on le boit parce qu’il est bon. Les visionnaires de l’industrie vitivinicole du Québec ont, grâce à leur conviction, défriché le chemin pour ceux qui allaient suivre. Aujourd’hui, de nouveaux visages apportent, à leur tour, leur pierre à l’édifice. Leur talent et leur souci de protéger l’environnement dessinent un futur porteur d’espoir.

Cristalliser l’avenir du Québec

Le potentiel d’une région se concrétise quand la qualité du vin produit n’est plus anecdotique. Lorsque les copropriétaires du Domaine du Nival, Fannie Boulanger et Matthieu Beauchemin, mettent leur premier millésime sur le marché en 2016, ils valident un monde de possibilités. Inspirés, entre autres, par la réussite du vignoble Les Pervenches, ils adoptent la viticulture biologique et utilisent des méthodes de vinification peu interventionnistes, retenant à leur tour l’attention des sommeliers.

La contribution du duo à l’industrie d’ici est multiple. Ils ont, par exemple, créé un système de câbles pour faciliter l’installation des toiles hivernales protégeant les vignes, une technique qu’ils ont partagée plutôt que brevetée. Ils ont également introduit le gamaret au Québec, un cépage rouge développé en Suisse issu du croisement entre le gamay et le reichensteiner. Avec sa maturité précoce, le gamaret est bien adapté à notre climat et présente l’avantage d’être résistant aux maladies fongiques, réduisant ainsi le nombre de traitements nécessaires. Poursuivant l’oeuvre des pionniers, Fannie et Matthieu sont devenus un moteur pour les nouveaux arrivants.

Mission possible

Propriétaire du domaine L’espiègle, Zaché Hall est l’une des personnes dont la rencontre avec Matthieu Beauchemin a eu un effet. La qualité des vins du Domaine du Nival change son opinion sur ce qui peut être réalisé au Québec et contribue à sa décision de s’installer en Estrie.

Contrairement à de nombreux autodidactes au Québec, Hall a étudié la viticulture et l’oenologie à l’Université Brock en Ontario et à Montpellier, puis travaillé en France et en Californie. Son expertise et son expérience, combinées à un vignoble idéalement situé sur une pente orientée sud qui surplombe le lac Selby, lui permettent de se distinguer dès son premier millésime en 2020. Sobres, purs et précis, ses vins renversent et élèvent de nouveau le standard. Son travail dans les vignes est tout aussi remarquable. Des pratiques vertueuses, sans herbicides, pesticides toxiques, ni engrais chimiques, tout en conservant une végétation sauvage entre les rangs pour favoriser la vie souterraine s’inscrivent dans la continuité d’un modèle durable.

Attirer la compétence

Un autre signe qu’une région évolue bien, c’est lorsqu’elle séduit le talent. Après avoir obtenu son brevet de technicien supérieur en viticulture- oenologie dans le Beaujolais, Geneviève Thisdel y reste. Tout en travaillant pour d’autres, elle élabore ses vins à partir d’une parcelle qu’elle loue et elle les exporte. Après quatre ans en France, elle rentre au Québec avec le désir de vinifier. En 2020, lorsqu’elle se rend chez Sébastien Daoust, du vignoble Les Bacchantes, pour acheter du raisin, il lui propose beaucoup plus. Elle devient vigneronne au domaine et obtient l’occasion de lancer sa propre gamme en parallèle. C’est ainsi que son projet, En roue libre, voit le jour.

Thisdel monte vite les échelons, car rien n’est laissé au hasard. Sa rigueur et son savoir ainsi que la collégialité des vignerons locaux lui permettent de trouver rapidement sa voie. Elle convertit le vignoble en bio et gagne l’estime des professionnels grâce à l’excellence de ses vins.

Notre histoire est jeune et l’on commence tout juste à saisir ce qui est possible. Malgré le chaos climatique, les saisons allongées que l’on observe depuis quelques années deviennent un allié aux connaissances qui grandissent, et la qualité des vins québécois continuera de s’accroître. D’ailleurs, pour boucler la thématique de la valorisation des produits locaux, le prochain billet sera consacré au cidre et à la piquette d’ici.

Voici trois vins qui illustrent avec brio le talent de notre relève. Vous pouvez les trouver dans les buvettes et les restaurants ainsi qu’en vous abonnant aux infolettres et aux comptes Instagram des producteurs.

Domaine du Nival, Un de ces quatre, Gamaret 2023

Expressif, avec des notes juteuses et croquantes de prune et de cerise rouge, ce vin, à 11,6 % d’alcool est particulièrement digeste. Gouleyant et dangereusement facile à boire, c’est sans doute le meilleur millésime de cette cuvée à ce jour. Longue vie au gamaret ! Le compagnon idéal pour un tartare de steak. 45,00 $

L’espiègle Les lieux frais, Extra brut 2020

On reconnaît la griffe de Zaché Hall à la précision des arômes et à la finesse des bulles. Frais et délicat avec une bouche qui s’ouvre sur des notes discrètes de citron, de petits fruits rouges et de pain grillé, avec une salinité et une texture crayeuse en finale qui ajoutent de la profondeur. Parfait pour un festin d’huîtres. 59,60 $

En roue libre Le Blanc, Vidal et pinot gris 2023

L’assemblage de cépages vitis vinifera et d’hybrides est la signature de Geneviève Thisdel, et ce premier millésime en blanc est une réussite ! La matière en milieu de bouche et la rondeur apportée par la maturité du vidal et du pinot gris offrent un parfait équilibre à l’acidité vive. Un joli nez, marqué par la clarté des arômes, dévoile des notes de poire, de pomme rouge et de fleur blanche qui s’entremêlent. Un délice avec des pétoncles poêlés. 38,00 $

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