De la vigne au verre: les bulles, un bonheur instantané

Michelle Bouffard
Collaboration spéciale
La production de prosecco est passée de 100 millions de bouteilles au début des années 2000 à 638 millions en 2022.
Photo: Getty Images La production de prosecco est passée de 100 millions de bouteilles au début des années 2000 à 638 millions en 2022.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

La simple idée d’ouvrir des bulles suffit à faire naître un sourire. Mme Lily Bollinger, directrice de la maison de champagne Bollinger, avait d’ailleurs trouvé les mots justes : « Je bois seulement du champagne quand je suis heureuse et quand je suis triste. Parfois, j’en bois quand je suis seule. Quand je suis avec des amis, je le considère comme obligatoire. J’en déguste une coupe ou deux si je ne suis pas pressée et j’en bois quand je suis pressée. À part ça, je n’y touche jamais. Sauf si j’ai soif », avait-elle proclamé. Le seul problème, c’est que ça nécessite tout un budget ! Voici donc quelques petites perles pour vous régaler sans vider votre tirelire.

Un air léger

Le succès du prosecco est planétaire. Sa production est passée de 100 millions de bouteilles au début des années 2000 à 638 millions en 2022, et sa popularité ne s’essouffle pas. Cette région du nord-est de l’Italie, où le cépage glera est vinifié selon la méthode cuve close, produit des vins qui séduisent : des mousseux légers, fruités et floraux qui tirent entre 11 % et 11,5 % d’alcool et où la légère sucrosité vient donner une rondeur agréable.

Pour les adeptes en quête d’un profil similaire, mais avec davantage de profondeur, il faut se tourner vers les bonnes adresses dans l’appellation de Conegliano Valdobbiadene Prosecco Superiore DOCG. Contrairement à Prosecco DOC, une zone qui s’étend sur un large territoire entre Vicenza et Trieste, cette appellation est restreinte aux collines abruptes de Conegliano et Valdobbiadene, où les petits rendements sont privilégiés. Les bulles qui en résultent offrent plus de finesse, une concentration aromatique accrue et un sucre généralement mieux intégré.

Profondeur insoupçonnée

Tout comme le prosecco, le cava est souvent associé aux vins d’entrée de gamme. Pourtant, la région du Penedès, dans le nord-est de l’Espagne, où la majorité des cavas sont faits, peut rivaliser avec les grands champagnes. Bien qu’ils soient produits selon la méthode traditionnelle, comme en Champagne, les cavas possèdent leur propre typicité, grâce à un terroir et à un climat uniques, ainsi qu’à la présence de cépages autochtones.

Situés entre mer et montagne, les vignobles du Penedès s’élèvent jusqu’à 700 mètres d’altitude, ce qui permet aux raisins de conserver une bonne acidité malgré le climat méditerranéen ; un élément essentiel pour l’élaboration de bulles raffinées. Alors que le pinot noir et le chardonnay sont autorisés, les cavas les plus intéressants proviennent de cépages autochtones. Un assemblage typique inclut le xarel-lo, le macabeo et le parellada, trois cépages blancs parfaitement adaptés à la région, surtout dans un contexte de changement climatique. Sous la griffe de producteurs talentueux, l’ensemble donne des vins pleins de tonus, alliant finesse, complexité et caractère.

Grâce et structure

Plus en dehors des sentiers battus, les chenins blancs effervescents, dont les meilleurs exemples offrent un magnifique équilibre entre verticalité et richesse aromatique, méritent d’être explorés. Ceux issus d’Afrique du Sud demeurent un secret (trop) bien gardé et, malgré leur excellent rapport qualité-prix, ils restent désespérément rares à la SAQ. Restez à l’affût pour la méthode Cap Classique de Ken Forrester qui arrive ponctuellement. En revanche, on trouve une très belle sélection en vallée de la Loire. Les expressions varient d’une appellation à l’autre, mais les bons producteurs parviennent à capter à la fois la vivacité et les courbes du chenin. Les plus complexes sont ceux vinifiés selon la méthode traditionnelle, où les notes de pain grillé, apportées par le vieillissement sur lattes, complètent celles d’abricot, de camomille, de fleur blanche et de miel associées au chenin.

À l’aube des festivités, les occasions de déboucher une bouteille de bulles se font nombreuses, et il n’est pas nécessaire de dépenser une fortune pour se faire plaisir. Voici trois délices à partager. La semaine prochaine, je vous confie mes coups de coeur pour Noël !

Nino Franco Valdobbiadene Prosecco Superiore DOCG, Italie

Situé sur les collines escarpées de Valdobbiadene, ce producteur certifié bio ne déçoit jamais. Ses vins se boivent aussi facilement qu’on écoute d’une chanson estivale au refrain accrocheur. Il est frais et délicat, avec de jolies notes de jasmin et de melon miel, qui s’entrelacent aux arômes de citron et de pêche. La pointe de sucre résiduel est bien intégrée et vient adoucir la légère amertume. Idéal pour le brunch.
24,35 $ — Code SAQ 349662

Recaredo Terrers Brut Nature 2019, Corpinnat Espagne

57 % Xarel-lo, 25 % macabeo, 17 % parellada et 1 % monastrell

Connue pour son travail minutieux et ses vins non dosés marqués par un long élevage, cette maison figure parmi l’élite. À l’instar d’autres adresses réputées, Recaredo a quitté l’appellation de Cava, estimant que les critères de production n’étaient pas encadrés par des lois suffisamment strictes, ce qui nuisait à l’image des bulles de la région. Depuis 2018, ils font partie du Corpinnat, une marque collective qui prône, entre autres, une viticulture durable, des vins vinifiés sur place à partir de raisins biologiques, ainsi que l’utilisation de cépages autochtones et une récolte manuelle. Issue d’un assemblage de toutes leurs parcelles, cette cuvée illustre l’excellence que l’on peut atteindre dans le secteur. Un vin structuré, avec une acidité tonique et une bulle fine et persistante, qui porte les arômes de pomme rouge, de brioche, de mélisse et de zeste de citron. La pointe oxydative et la salinité qui perdurent en fin de bouche ajoutent relief et profondeur. Succulent avec des gougères !
44,25 $ — Code SAQ 13319715

Domaine Vincent Carême Brut Nature 2022, Vouvray France

Le travail de Vincent Carême est toujours irréprochable, tant dans la vigne que dans le chai. Une fois de plus, grâce à son doigté, il nous offre une bulle complexe, vive et précise, malgré un millésime solaire. Une bouche aérienne et généreuse qui, par le biais d’une deuxième fermentation en bouteille et un élevage sur lattes, s’ouvre sur des notes de pain grillé qui s’entremêlent à la camomille, à la pomme rouge, au miel, à l’abricot et à la pointe de citron Meyer. Une jolie texture crayeuse avec une salinité agréable en finale. Un vrai bonheur avec des rillettes de canard.
27,70 $ — Code SAQ 11633591

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