Des citoyens du Quartier latin unis contre le projet d’Hydro-Québec à la Grande Bibliothèque

Le terrain situé à l’arrière de l’édifice de Bibliothèques et Archives nationales du Québec pourrait servir à installer un poste d’Hydro Québec.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le terrain situé à l’arrière de l’édifice de Bibliothèques et Archives nationales du Québec pourrait servir à installer un poste d’Hydro Québec.

Des citoyens du Quartier latin, fidèles habitués de la Grande Bibliothèque, invitent le ministre de la Culture et des Communications à repousser le projet d’Hydro-Québec de construire un gigaposte électrique dans les jardins adjacents. « Nous prions le ministre Lacombe de ne pas signer le décret autorisant BAnQ [Bibliothèque et Archives nationales du Québec] à vendre son terrain à Hydro-Québec afin d’amener la société d’État à présenter un projet socialement acceptable. »

Ils sont plusieurs citoyens du quartier à avoir signé cette lettre publique dont Le Devoir a obtenu copie. On y lit que « la Grande Bibliothèque est un joyau architectural » et que sacrifier l’espace vert qui le jouxte pour construire « un bâtiment industriel qui obstruerait la vue du côté nord » et « écraserait la bibliothèque par son imposante stature » est une idée tout simplement inacceptable. « Un bâtiment dont la nature de surcroît ne cadre aucunement avec la vocation culturelle du quartier, c’est non ! »

Les signataires pointent du doigt ce qui leur apparaît être un manque de perspective de l’État en regard de l’avenir. « Le terrain dont BAnQ est propriétaire est destiné depuis les débuts à accueillir des annexes ou des agrandissements à la bibliothèque. Même si elle n’a pas de projet d’expansion dans l’immédiat, rien ne dit que le besoin ne s’en fera pas sentir dans quelques années. Et alors, les éventuels ajouts seront-ils coincés entre la bibliothèque actuelle et le nouveau mastodonte électrique ? Qu’adviendra-t-il du jardin d’art ? »

Les signataires se disent « conscients que BAnQ voit la vente du terrain comme une importante source de revenu qui lui permettra de financer en partie la Maison de la chanson dans l’ancienne bibliothèque Saint-Sulpice ». Mais selon eux, « refaire une beauté à un bâtiment patrimonial tout en défigurant un autre secteur [n’est] pas une bonne idée ». Cela équivaut, comme le dit la maxime, à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Les signataires se réjouissent par ailleurs de voir se projeter la construction de nouveaux logements dans le quartier. Selon eux, « si l’augmentation du nombre de résidents confirme la nécessité d’avoir un nouveau poste de transformation dans le quartier, elle justifie aussi le besoin non seulement de conserver un vaste espace vert, mais de le valoriser pour en faire un lieu de socialisation et de détente et non un simple lieu de passage ».

Au cabinet du ministre de la Culture et des Communications, on n’a pas voulu commenter cette prise de position citoyenne. « Nous ne souhaitons pas réagir à cette lettre pour le moment », a indiqué au Devoir l’attachée de presse Catherine Boucher.

Même chose du côté d’Hydro-Québec. Après plusieurs jours d’attente, la société d’État a finalement indiqué au Devoir qu’elle ne souhaitait pas réagir à ce moment à cette levée de boucliers de citoyens contre son projet.

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