Université Concordia: un programme de mentorat pour la francisation au travail

Leïla Jolin-Dahel
Collaboration spéciale
Le programme de francisation Circonflexe est ouvert à toutes les personnes d’expression anglaise présentant un niveau minimal de connaissances du français, indique Chad Walcott, de la Table ronde provinciale sur l’emploi.
Photo: Marie-France Coallier Archives Le Devoir Le programme de francisation Circonflexe est ouvert à toutes les personnes d’expression anglaise présentant un niveau minimal de connaissances du français, indique Chad Walcott, de la Table ronde provinciale sur l’emploi.

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

Une nouvelle initiative de mentorat en francisation lancée en novembre dernier vise à faciliter l’intégration des anglophones au marché du travail de la province. Grâce au programme Circonflexe, des étudiants et des diplômés de l’Université Concordia peaufinent déjà leurs connaissances de la langue de Molière.

Proposé par la Table ronde provinciale sur l’emploi (PERT), le projet est financé à hauteur de 1,5 million de dollars par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) avec le soutien de Francisation Québec. En jumelant des anglophones avec des mentors issus du même domaine professionnel, le programme vise à aider les participants à avoir plus confiance en eux lorsqu’ils s’expriment en français en contexte de travail, résume Chad Walcott, directeur de l’engagement et des communications pour la PERT. Il ajoute que le programme est ouvert à toutes les personnes d’expression anglaise présentant un niveau minimal de connaissances du français.

À l’Université Concordia, l’initiative est l’une des différentes mesures mises en place pour promouvoir le français chez les étudiants, professeurs et diplômés, explique Isabel Dunnigan, vice-rectrice adjointe à l’enseignement professionnel et à la valorisation du français de l’établissement. « On a présenté le programme Circonflexe à toute notre communauté. On a donné de la visibilité au projet, on l’appuie et on facilite la participation de nos gens », dit-elle. Ainsi, certains peuvent s’inscrire pour améliorer leurs compétences en français, tandis que d’autres, déjà à l’aise dans la langue de Molière, peuvent proposer leurs services en tant que mentors.

Une première cohorte

Dans le cadre du programme Circonflexe, la PERT a développé une série d’outils pour encadrer les rencontres de mentorat : guide, astuces pour briser la glace, journaux de bord ou suggestions d’activités pédagogiques. « On demande aux gens de discuter en français pour pratiquer avec quelqu’un qui travaille dans leur domaine. Mais [ce programme] c’est aussi l’acquisition d’astuces et de connaissances […] pour créer des liens », illustre M. Walcott. Les participants à la première cohorte se réuniront ainsi une dizaine de fois d’ici novembre prochain, ajoute-t-il.

Ces discussions peuvent bénéficier à la fois aux personnes apprenant le français, mais également aux mentors. « Les mentorés ont une chance de pratiquer leur français avec quelqu’un qui a de l’expérience dans leur domaine. Quant aux mentors, ils ont l’occasion de développer leur esprit de leadership, leurs talents de communication. C’est une belle façon d’échanger », fait valoir Chad Walcott.

La PERT planifie aussi la tenue d’événements de réseautage à plusieurs endroits du Québec. « Ils auront pour but de renforcer les liens tissés avec la communauté francophone dans un contexte professionnel ou d’affaires », prévoit M. Walcott.

Réunir deux solitudes

Dans le cadre de ses travaux, la PERT a constaté que, si des initiatives en francisation existent pour les nouveaux arrivants dans la Belle Province, leur accès est beaucoup plus limité pour les Québécois d’expression anglaise. « Surtout pour ceux qui vivent en région, souligne M. Walcott. On a donc lancé ce programme de mentorat qui permet à la fois un avancement professionnel, mais aussi de faire des rapprochements entre les deux solitudes. »

Environ 175 personnes se sont actuellement inscrites au projet en vue d’apprendre le français, calcule Chad Walcott. « On a mis sur pied une liste d’attente. Dès la fin janvier, on envisage une quarantaine de jumelages. Le recrutement de mentors se poursuit jusqu’en mars », ajoute-t-il. Une deuxième cohorte est également prévue en septembre prochain. Le programme Circonflexe pourrait aussi être étendu à d’autres établissements et à d’autres régions. « On essaie de le déployer à travers la province pour tous les gens qui cherchent à améliorer leur français », indique M. Walcott.

L’intégration à la société québécoise demeure également un défi pour plusieurs étudiants et diplômés de l’Université Concordia qui désirent s’installer au Québec, constate Mme Dunnigan. « S’ils ne parlent pas français, ils manquent quelque chose d’unique : l’occasion de s’enrichir du fait de communiquer et de comprendre la culture générale et la culture professionnelle de leur discipline au Québec », fait-elle valoir.

Pour la vice-rectrice adjointe, l’apprentissage du français permet aussi à la communauté anglophone de Concordia issue de l’étranger de faciliter son processus d’immigration dans la Belle Province. Le mentorat proposé par le programme Circonflexe s’inscrit dans cette volonté d’améliorer leur français à l’oral et reste un moyen « extrêmement efficace » d’affiner des connaissances déjà développées dans un cours théorique, dit-elle. « Une langue, ça s’acquiert par expérience et pas seulement dans les livres. On commence par vivre en français, souligne-t-elle. Et plus on pratique, plus on rencontre des gens, plus on a confiance en soi et ça devient exponentiel. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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