«Tu disparais mon amour», Clara Lise Gagnon

Œuvrant dans le milieu de la danse, Clara Lise Gagnon publie cet hiver, dans une collection dirigée par l’écrivain-psychologue Nicolas Lévesque, un premier livre, où elle exprime le deuil, aussi impossible que nécessaire, avec une délicatesse inouïe. À 18 ans, la narratrice perd l’homme qu’elle aime, frappé à vélo par une voiture. « Je suis disparue à ta mort, disparue à moi, disparue à toi. Je me suis enfuie — pour vivre encore, déchirée, trouée, meurtrie, meurtrie. Morte aussi, mais pas autant que toi, non pas autant que toi. » Après des années d’amours malheureuses, la narratrice se lance, réconfortée par la littérature, notamment celle de Réjean Ducharme, dans une enquête où elle renoue avec l’absent en une habile succession de fragments intimes : lambeaux de rêves annotés et éclats de culpabilité tranchants, souvenirs inventés et fantasmes véridiques, hymnes à la vie et invectives à la mort. On déguste chaque page de ces bouleversantes offrandes à l’être aimé en sachant pertinemment qu’elles n’ont pas fini de nous habiter.