«Trump veut absorber notre pays», dit Justin Trudeau

« M. Trump a en tête que le moyen le plus simple d’y parvenir est d’absorber notre pays et c’est une réalité », a dit Justin Trudeau, avant que son micro ne soit coupé. Il faisait référence à son désir d’accéder aux ressources minérales essentielles du Canada, selon plusieurs médias.
Photo: Frank Gunn La Presse canadienne « M. Trump a en tête que le moyen le plus simple d’y parvenir est d’absorber notre pays et c’est une réalité », a dit Justin Trudeau, avant que son micro ne soit coupé. Il faisait référence à son désir d’accéder aux ressources minérales essentielles du Canada, selon plusieurs médias.

Le président américain, Donald Trump, est tout à fait sérieux dans son souhait de faire du Canada le 51ᵉ État des États-Unis, a affirmé le premier ministre fédéral, Justin Trudeau, alors qu’il croyait s’exprimer à huis clos.

M. Trudeau s’adressait à quelque 200 dirigeants du secteur des affaires et du milieu syndical à l’occasion d’un sommet économique Canada–États-Unis, à Toronto, vendredi.

Même si la conversation se déroulait en privé, une partie de son discours a brièvement été entendue à l’extérieur de la salle de conférence, en avant-midi.

« M. Trump a en tête que le moyen le plus simple d’y parvenir est d’absorber notre pays et c’est une réalité », peut-on entendre dans l’extrait enregistré par les médias sur place, avant que le micro du premier ministre ne soit coupé.

Le premier ministre faisait référence au désir de M. Trump d’avoir accès aux ressources minérales essentielles du Canada, selon le Toronto Star, le premier à rapporter la nouvelle.

Les déclarations du président républicain sur l’annexion du Canada ont fait couler beaucoup d’encre depuis son élection. Sa proposition avait initialement été lancée lors d’un souper avec M. Trudeau à sa résidence de Mar-a-Lago, le 29 novembre dernier. Les ministres fédéraux présents l’avaient alors interprété comme une plaisanterie.

La blague a depuis pris un goût amer, le président ayant répété ses ambitions à de multiples reprises, la dernière en date étant dimanche dernier.

Donald Trump n’a pas exclu de recourir à la « force économique » pour annexer le Canada, parlant même de la frontière comme une « ligne artificiellement tracée ». Il a également qualifié ironiquement M. Trudeau de « gouverneur du 51e État ».

Au sommet de Toronto, la ministre des Transports, Anita Anand, a fermement déclaré qu’il « n’y aura pas de changement au 49e parallèle, point à la ligne », faisant référence à la frontière canado-américaine.

« Le Canada est libre. Le Canada est souverain. Le Canada choisira son propre destin, merci beaucoup », a pour sa part commenté le ministre de l’Emploi, Steven MacKinnon.

Ce n’est pas la première fois que le premier ministre Trudeau suggère, sans jamais le dire publiquement, les véritables intentions de Donald Trump. Il aurait eu les mêmes propos lors d’une rencontre avec les chefs de l’opposition à Ottawa, le week-end dernier.

Dans un compte rendu envoyé par la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, Justin Trudeau leur aurait confié qu’il était désormais clair que les tarifs douaniers n’étaient pas liés au fentanyl, mais bien à la souveraineté du Canada.

Une fenêtre pour la diversification

Dans une allocution plus tôt en matinée, le premier ministre Trudeau s’est dit « inspiré » par les nombreuses stratégies d’achat local et la promotion des produits canadiens qui ont émergé de la crise avec les États-Unis.

Le contexte actuel offre une « fenêtre clé » au Canada pour renforcer son commerce interne et éliminer les « barrières insensées » du commerce interprovincial, a indiqué M. Trudeau. Or, le commerce avec les États-Unis et le reste du monde demeurera essentiel pour assurer une économie « résiliente ».

« Il y a beaucoup de discussions sur la diversification, mais notre géographie fait en sorte que nous allons toujours à la fois bénéficier et être confrontés aux défis du commerce avec les États-Unis. Cela restera toujours une part importante de notre économie », a-t-il déclaré.

« Nous avons une opportunité extraordinaire d’aller là où un important centre de gravité de l’économie est en train de se déplacer », a-t-il expliqué, insistant sur le besoin de diversifier les chaînes d’approvisionnement pour « saisir des opportunités à l’international ».

Le sommet d’une seule journée, qui avait été annoncé à peine deux jours à l’avance par M. Trudeau, réunissait des centaines de gens d’affaires et des milieux syndicaux.

Un élan pour les libéraux

À en croire les récents sondages d’opinion, la crise tarifaire avec les Américains aura été bénéfique pour le gouvernement de Justin Trudeau.

Selon un sondage de la firme Pallas Data effectué en début février, le Parti libéral du Canada a gagné neuf points de pourcentage dans les intentions de vote, passant de 25 % à 34 % à l’échelle du pays depuis janvier. Cette remontée le rapprocherait du Parti conservateur de Pierre Poilievre, qui se situe à 40 %, selon Pallas Data.

Avec l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney comme chef du parti, les libéraux parviendraient même à égaler les conservateurs, à 38 % des intentions de vote, selon le même sondage.

Un autre coup de sonde, de la firme Nanos, montre que 40 % des Canadiens voient M. Carney comme la meilleure personne pour négocier avec le président Trump — loin devant le chef conservateur, Pierre Poilievre (26 %).

Le prochain chef du Parti libéral et premier ministre du Canada sera élu le 9 mars prochain.

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