Trump réhabilite les pailles en plastique dans les institutions fédérales par un décret

Dans la foulée de ses nombreuses prises de position contre les politiques de protection de l’environnement, Donald Trump a signé lundi soir un décret pour faire disparaître l’objectif de supprimer les ustensiles de plastique à usage unique dans l’administration américaine. Une bonne nouvelle pour l’industrie pétrolière, qui mise de plus en plus sur la production de plastique pour écouler sa production.
« On revient aux pailles en plastique », a déclaré le président américain depuis le Bureau ovale de la Maison-Blanche, au cours d’une nouvelle séance médiatisée de signature de décrets.
Donald Trump avait promis de mettre un terme aux objectifs gouvernementaux de réduction du plastique à usage unique, et notamment des pailles, en critiquant sans détour les pailles en papier, réputées moins dommageables pour l’environnement.
« Ces choses-là ne fonctionnent pas, a-t-il encore déclaré en signant le décret lundi. Je les ai utilisées plusieurs fois, et parfois elles se cassent, elles explosent », a ajouté le président de 78 ans.
Il met ainsi un terme à un autre engagement environnemental de son prédécesseur, le démocrate Joe Biden. Ce dernier avait fixé pour objectif par décret de supprimer au maximum d’ici 2035 l’utilisation d’ustensiles de plastique à usage unique, dont les pailles, dans les départements et agences fédéraux.
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Cette décision avait été saluée par les groupes écologistes, qui y voyaient une reconnaissance des conséquences environnementales du plastique. Le président Biden avait d’ailleurs dit vouloir donner l’exemple, alors que les pailles, gobelets ou couverts jetables se retrouvent partout dans la vie quotidienne des Américains, grands consommateurs de boissons ou de nourriture à emporter. Jusqu’à 500 millions de pailles seraient utilisées chaque jour aux États-Unis, selon certaines estimations.
Cette omniprésence du plastique à usage unique constitue d’ailleurs un problème environnemental croissant, puisqu’à peine 5 % ou 6 % du plastique utilisé aux États-Unis est recyclé. Résultat : les Américains produisent chaque année plus de 75 millions de tonnes de déchets de plastique.
Manger du plastique
Or, pour Donald Trump, les dommages environnementaux imputables au plastique n’existent pas.
« Je ne pense pas que le plastique va affecter un requin au moment de manger », a-t-il affirmé lundi. Les scientifiques du gouvernement américain constatent au contraire que le plastique est devenu un fléau dans les océans de la planète, qui reçoivent chaque année des millions de tonnes de nouveaux déchets de cette matière qui se dégrade en formant des microparticules.
Ce plastique, qui forme notamment des gyres de débris de plus en plus imposants dans les océans de la planète, remonte jusqu’aux humains. Les Nord-Américains ingèrent chaque année plusieurs dizaines de milliers de particules de plastique à travers leur respiration et leur régime alimentaire, concluait en 2019 une étude publiée dans la revue scientifique américaine Environmental Science & Technology.
Une bonne partie de cette consommation provient toutefois d’objets d’utilisation courante. Ceux qui optent pour l’eau embouteillée seraient ainsi plus exposés au phénomène. Et les impacts sur la santé préoccupent de plus en plus les scientifiques. À titre d’exemple, une étude publiée récemment dans Nature Medecine mettait en lumière le risque d’une hausse marquée de la présence de microparticules dans le cerveau humain.
« Le manque de considération de Donald Trump pour la protection de l’environnement est sans limite. Il ne se préoccupe pas des enfants et de l’avenir effrayant qui les attend avec les souffrances provoquées par la crise climatique et la dévastation environnementale. Et cet avenir est étroitement lié à l’exploitation des énergies fossiles pour produire de l’énergie et du plastique », a déclaré l’Américaine Maya van Rossum, fondatrice de Green Amendments for the Generations, qui milite pour le droit à un environnement sain, dans une déclaration transmise au Devoir.
Question climatique
Le décret signé lundi par Donald Trump est en outre une bonne nouvelle pour l’industrie des énergies fossiles, pour qui le plastique représente une voie d’avenir, notamment dans un contexte d’électrification des transports.
L’appétit pour cette matière représente aujourd’hui environ 12 % de la demande pétrolière mondiale et plus de 8 % de la demande en gaz naturel, selon une étude réalisée par le Laboratoire national Lawrence-Berkeley, géré par l’Université de Californie. Et cette part devrait atteindre 20 % d’ici 2050, selon le Programme des Nations unies pour le développement.
Résultat : les émissions associées à cette production dépassent déjà les 2,25 milliards de tonnes de gaz à effet de serre et devraient grimper pour atteindre jusqu’à 6,8 milliards de tonnes en 2050. C’est l’équivalent de 1700 centrales carburant au charbon.
Malgré des impacts environnementaux documentés, les pays de la planète ne sont pas parvenus à s’entendre l’an dernier sur un accord mondial pour lutter contre ce fléau, notamment en raison de l’opposition des gros producteurs de pétrole, comme la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite.
La trajectoire actuelle nous conduit vers une croissance marquée de la production. Celle-ci dépassait les 460 millions de tonnes annuellement en 2020, et elle pourrait encore doubler, voire tripler, d’ici 2050. Et moins de 10 % du plastique produit chaque année dans le monde est recyclé, selon les données de l’OCDE.
Environ 29 000 tonnes de plastique sont déversées dans l’environnement chaque année au Canada. Les Canadiens utilisent plus de 4,6 millions de tonnes de plastique par an, dont 15 milliards de sacs d’emplettes en plastique. Or, à peine 9 % de ce plastique est actuellement recyclé.