Trudeau est mal placé pour négocier avec le gouvernement Trump, selon Legault

Le premier ministre François Legault met en doute la capacité du premier ministre fédéral, Justin Trudeau, à négocier efficacement avec le gouvernement Trump en raison de son départ annoncé de la politique.
« La question qui se pose c’est : “Peut-on négocier avec un premier ministre qui est là de façon temporaire ?” » a-t-il lancé lors d’un point de presse à Washington, mercredi matin, en compagnie de ses collègues premiers ministres des provinces.
Un point de vue relayé par la ministre des Relations internationales, Martine Biron, au Parlement. « C’est un secret de polichinelle, je veux dire, au niveau fédéral, actuellement, c’est instable », a-t-elle dit.
Irrité par la sortie de François Legault, le ministre fédéral des Finances, Dominic LeBlanc, a réagi, lui aussi depuis Washington.
« Nous sommes le gouvernement élu. Est-ce qu’on pense que M. Legault est affaibli parce qu’il y aura une élection au Québec l’année prochaine ? Pour nous, ce n’est pas très constructif. On a une tâche importante devant nous. Et si on se cache en dessous du pupitre parce qu’il y a une élection en 2025, imaginez les questions que vous allez nous poser ? » a-t-il lancé aux journalistes présents.
Le premier ministre Trudeau a annoncé qu’il allait démissionner au début de janvier. Son successeur sera connu le 9 mars.
Le gouvernement du Québec réclame que les négociations sur un nouvel accord de libre-échange reprennent au plus vite pour « lever le climat d’instabilité ».
Inflexible sur la culture et le lait
Mercredi, François Legault a évoqué la possibilité d’imposer des contre-tarifs sur des produits comme l’aluminium. Il a aussi dévoilé ses couleurs en faisant savoir qu’il était prêt à négocier sur certains produits comme le bois et l’aluminium, mais pas sur le lait.
« On est prêts à beaucoup de compromis. Dans l’aéronautique, dans la forêt… peut-être la sécurité à long terme sur l’aluminium. Mais il y a deux points pour nous qui ne sont pas négociables. »
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Ces deux points sont la gestion de l’offre et la protection de la langue et la culture, a-t-il poursuivi. La gestion de l’offre « protège les régions du Québec », a-t-il dit. « On ne donne aucune subvention aux producteurs de lait, contrairement à ce qui se fait aux États-Unis et ailleurs. »
La langue et la culture, quant à elles, doivent être protégées dans « toutes les ententes internationales ».
Legault fait du « tourisme », accusent les oppositions
Pendant ce temps au Parlement, les partis d’opposition ont tous mis en cause l’efficacité de la mission du premier ministre dans la capitale américaine. M. Legault « fait du tourisme », a lancé le député de Québec solidaire Vincent Marissal, en soulignant que le premier ministre n’avait pas rencontré d’élus républicains sur place, ce qui selon lui devrait être la priorité.
Le premier ministre n’a effectivement pas encore rencontré d’élus dans la capitale américaine. Toutefois, des rendez-vous sont au programme mercredi avec cinq d’entre eux, dont les républicains Adrian Smith (Nebraska) et Mariannette Miller-Meeks (Iowa) de la Chambre des représentants au Congrès, a signalé le cabinet de M. Legault.
Le Parti québécois, de son côté, s’est questionné sur les compétences du délégué du Québec à Washington, Benjamin Bélair. Il s’agit d’une « nomination partisane », a lancé le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé.
Enfin, les libéraux ont fait valoir que cette mission survenait « trop peu, trop tard » et que le premier ministre Legault n’avait pas visité Washington depuis des années.
Étages en bois supplémentaires et exportations vers le Royaume-Uni
Des pistes de solution dans le but de trouver de nouveaux débouchés pour les produits québécois commencent en outre à se dessiner, ont signalé des ministres du gouvernement mercredi.
Afin de soutenir l’industrie du bois, les normes québécoises sur le nombre d’étages pouvant être construits en bois pourraient être revues à la hausse, selon la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina. « Il y a une limite d’étages en ce moment qu’on a mise en place. Je pense que c’est six étages pour la construction. […] La Colombie-Britannique l’a fait pour les constructions industrielles », a-t-elle dit. Elle a aussi évoqué la possibilité d’utiliser davantage le bois pour produire de l’énergie.
L’industrie envisage également de se tourner vers le marché du Royaume-Uni, selon Mme Blanchette-Vézina. « Ça pourrait être un bon marché », a-t-elle dit, en mentionnant que ce serait également une bonne destination pour les minéraux critiques en provenance du Québec.