Le trafic de plus de 40 mg de fentanyl entraînerait la prison à vie sous Poilievre

Un gouvernement conservateur à Ottawa imposerait la peine de prison à vie obligatoire pour les personnes reconnues coupables de trafic, de production ou d’exportation de plus de 40 mg de fentanyl, a déclaré Pierre Poilievre mercredi.
« Appelons le trafic de fentanyl pour ce qu’il est : un massacre », a indiqué le chef conservateur lors d’une conférence de presse à Vancouver. M. Poilievre a comparé la vente de cette drogue à « cribler de balles une foule ».
Les conservateurs veulent également que les trafiquants arrêtés en possession de 20 à 40 mg de fentanyl soient condamnés par les juges à une peine minimale obligatoire de 15 ans de prison.
Pour ce faire, M. Poilievre abrogerait les modifications apportées en 2022 au Code criminel et à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, qui ont mis fin à certaines peines minimales obligatoires et qui ont permis des peines avec sursis ou des programmes de déjudiciarisation dans les cas de condamnations pour possession simple.
La Cour suprême du Canada avait invalidé en 2016 certaines peines minimales obligatoires dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, après avoir jugé qu’elles étaient inconstitutionnelles.
M. Poilievre a déclaré mercredi qu’il interprétait la loi différemment. « Ce que je propose aujourd’hui est non seulement autorisé par la Charte, mais exigé par la Charte », a-t-il soutenu.
Le chef conservateur a indiqué que « l’incarcération des meurtriers de masse qui font entrer ces drogues » protégerait en fait les droits des Canadiens à la vie, à la liberté et à la sécurité de leur personne, garantis par l’article 7 de la Charte canadienne. Il a souligné que 49 000 Canadiens étaient morts d’une surdose d’opioïdes depuis 2016.
La Drug Enforcement Administration des États-Unis affirme que deux milligrammes de fentanyl, un opioïde de synthèse, peuvent tuer une personne. Santé Canada affirme que « quelques grains peuvent suffire à vous tuer ».
Argumentaire de Trump
Le trafic de fentanyl est sous les feux des projecteurs depuis que Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche, menace d’imposer des tarifs de 25 % au Canada et au Mexique en raison de ce qu’il a qualifié d’échec de ces pays à empêcher l’introduction de cette drogue aux États-Unis.
Le président américain a signé samedi un décret déclarant que le flux de drogues illégales et de migrants aux États-Unis constituait un « risque pour la sécurité nationale », et il a profité de cette urgence pour ordonner l’imposition de tarifs douaniers massifs sur les produits canadiens.
Lors de deux appels avec M. Trump lundi, le premier ministre Justin Trudeau a présenté l’initiative canadienne pour renforcer la sécurité aux frontières et il a nommé un « tsar du fentanyl ». Le président américain a alors décidé de repousser d’un mois la mise en œuvre des tarifs douaniers.
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M. Poilievre soutient que le Canada ne devrait pas réagir « juste pour faire plaisir » au président Trump, qu’on soit d’accord ou non avec ses justifications pour imposer des tarifs douaniers. Il a par ailleurs estimé que la décision du gouvernement libéral de nommer un « tsar du fentanyl » ne constitue qu’un geste posé « pour la galerie ».
Le chef conservateur a déclaré mercredi que des mesures doivent être prises pour protéger les Canadiens d’une crise de surdose d’opioïdes. « Nous viendrons à la rescousse des victimes et des toxicomanes, nous fournirons un traitement salvateur », a déclaré M. Poilievre. Il a promis qu’un gouvernement conservateur « retirerait les gens de la rue » et fournirait un traitement en établissement, y compris des huttes à sudation pour les Autochtones dépendants aux opioïdes.
M. Poilievre a déjà déclaré qu’il supprimerait le financement des programmes qui fournissent des stupéfiants sur ordonnance aux personnes confrontées à un risque accru de surdose en raison d’un approvisionnement en drogues toxiques dans la rue. Il conteste d’ailleurs le terme « approvisionnement plus sécuritaire » et estime que de tels programmes permettent aux utilisateurs de vendre dans la rue des drogues prescrites, comme l’hydromorphone.
Le chef conservateur a également exprimé son soutien à l’idée d’un traitement obligatoire, non volontaire, de la toxicomanie pour les mineurs et les personnes incarcérées.