«Tous les silences ne font pas le même bruit», Baptiste Beaulieu

Comme Anton Tchekhov et Martin Winckler, Beaulieu est à la fois médecin et écrivain, deux activités qui se nourrissent l’une l’autre. Dans ce livre à mi-chemin entre le récit et l’essai, l’auteur né à Toulouse en 1985, soit trois ans après la dépénalisation de l’homosexualité en France, évoque son parcours, de son enfance dans un milieu populaire, où il prend douloureusement conscience de sa différence, jusqu’à son épanouissement personnel et professionnel. « On ne devrait pas apprendre à mentir avant de savoir aimer. » Ce sont des mémoires écrites à la deuxième personne du singulier, où l’homme s’adresse à lui-même avec bienveillance, une collection de souvenirs heureux (comme lorsqu’il devient père) et malheureux (comme lorsqu’il est la victime ou le témoin de terribles violences). La plume est acérée, lucide, militante et sociologique, truffée de références historiques, littéraires ou cinématographiques, mais cette prose dégage aussi une sagesse, une empathie qui manque cruellement à notre époque.