Le tourisme de montagne en transition

Nathalie Schneider
Collaboration spéciale
Ski hors-piste avec le Chic-Chac, entreprise de Murdochville, en Gaspésie, spécialisée dans le tourisme d’aventure
Photo: Dany Vachon Ski hors-piste avec le Chic-Chac, entreprise de Murdochville, en Gaspésie, spécialisée dans le tourisme d’aventure

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Développer le tourisme de montagne dans une approche durable : c’est l’objectif du Plan montagnes, lancé en 2022 par le ministère du Tourisme. Les premiers projets commencent à voir le jour.

Des stations de ski qui se convertissent en centres de vélo de montagne. Des terrains de golf qui accueillent des skieurs de fond en hiver. Des traîneaux à chiens qui troquent les patins pour des roues. Des domaines skiables contraints de recourir à la fabrication de la neige pour démarrer la saison. Il souffle, sur l’industrie du tourisme de nature, un vent de transformation tous azimuts. À qui la faute ? Aux changements climatiques, bien sûr, qui imposent aux gestionnaires d’être en constante posture d’adaptation.

Diversifier la clientèle touristique

C’est dans ce contexte que le ministère du Tourisme a lancé en 2021 le Plan d’action pour un tourisme responsable et durable avec un budget de 22 millions de dollars attribué aux régions. L’une de ses mesures : le Plan montagnes, une stratégie qui cible plus particulièrement neuf régions « montagneuses » du Québec aux prises avec de lourds défis économiques et environnementaux. Grâce à une enveloppe de 11 millions de dollars, les associations touristiques régionales peuvent ainsi aider les sites de plein air — parcs, stations, centres de villégiature — à diversifier leurs activités et à sortir du modèle de l’activité saisonnière, pour faire face aux aléas de la météo et assurer leur pérennité.

L’Association touristique de la Gaspésie — région montagneuse s’il en est — réfléchit à la question depuis une dizaine d’années. Le Plan montagnes, qui vient avec un budget de 800 000 $, lui permet, depuis 2023, de poser des gestes concrets pour soutenir l’industrie. L’une de ses pistes privilégiées : lancer des appels à projets pour amener les gestionnaires de sites à diversifier leur clientèle et à adopter des pratiques plus durables et résilientes.

Des initiatives sur le territoire

Une mesure phare récemment adoptée par Tourisme Gaspésie consiste à proposer une carte interactive qui recense l’état des lieux, en direct, de tous les sites de plein air offerts sur son territoire. Un ponceau fermé à Matane, un sentier inaccessible dans la Baie-des-Chaleurs, un incendie dans les Chic-Chocs, un épisode de redoux hivernal : la carte permet aux visiteurs de modifier leurs plans — en changeant de destination ou d’activité — en fonction des conditions recueillies en temps réel. « Cette carte permet de proposer des offres complémentaires en tourisme de montagne grâce à un canal de communication interactif qui met en relation les sites touristiques et le public », explique Jean-Philippe Chartrand, directeur du développement et du tourisme durable pour Tourisme Gaspésie. Il pleut à boire debout ? On renonce au plein air et on s’oriente vers des sites culturels, comme un musée ou un centre d’artisanat indiqués sur la carte.

Une autre stratégie du Plan montagnes consiste à mettre en valeur le patrimoine montagneux à travers des circuits thématiques portés par des projets d’outils diversifiés, tels que des panneaux d’interprétation, des capsules audio, des bornes technologiques, afin de communiquer aux visiteurs ce qui fait la spécificité patrimoniale d’un territoire. « Comme le patrimoine industriel de Murdochville ou le patrimoine religieux de Carleton-sur-Mer, par exemple », précise Jean-Philippe Chartrand. Cette approche permet d’évoquer la nature sous l’angle culturel et d’attirer, ainsi, une autre clientèle dans la région.

La parole aux régions

À la suite d’un appel à projets lancé l’an dernier, Tourisme Charlevoix a attribué un montant de 150 000 $, dans le cadre du Plan montagnes, pour financer la toute première station de trail d’Amérique du Nord. Ce site réservé à la course en sentier verra le jour au mont Grand-Fonds, à La Malbaie, au printemps ou à l’été 2025. Fidèle à l’esprit du Plan montagnes, ce projet mobilise des acteurs locaux, dont Évènements Harricana et Sentiers Québec-Charlevoix. « Ce projet de tourisme de montagne est structurant, concerté et durable », résume Laura Cyr, chargée de projet en tourisme durable chez Tourisme Charlevoix.

Même approche mobilisatrice du côté de la capitale nationale : Destination Québec cité a mis en place la communauté Montagnes et nature, un réseau d’entrepreneurs et de porteurs de projet dont l’objectif est de diversifier l’offre touristique durable quatre saisons dans la région. Soutenue par des entreprises et des bailleurs de fonds locaux, cette initiative s’inscrit dans le Plan d’action triennal en tourisme durable de la région touristique de Québec, qui repose sur les trois fondements du développement durable : économique, social et environnemental.

À l’instar des stations de ski françaises de basse et moyenne altitude, durement affectées par les changements climatiques, les montagnes du Québec devront se réinventer pour survivre.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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