«The Bad Fire», Mogwai

Pour Mogwai, le temps semble distordu. The Bad Fire, son onzième album studio, est ainsi une dérive sensorielle où chaque note est tiraillée entre tension et apaisement. Par exemple, le disque s’ouvre sur God Gets You Back, où des nappes éthérées s’entrechoquent avec des sonorités abrasives — un équilibre fragile savamment dosé que le groupe écossais de post-rock maîtrise depuis longtemps. L’influence du producteur John Congleton (Explosions in the Sky, Sigur Rós) se fait sentir sur les titres les plus percutants, Fanzine Made of Flesh ou Lion Rumpus, qui jouent avec une dynamique différente. D’autres morceaux, comme Pale Vegan Hip Pain, misent quant à eux sur la montée d’un motif répétitif jusqu’à l’implosion. Mogwai reste fidèle à sa puissance évocatrice : avec The Bad Fire, tout est question d’atmosphère, de textures, d’une immersion qui se vit pleinement. S’il ne bouleverse pas leur formule, l’album se distingue par sa manière de nous secouer, avant de nous laisser retomber lentement.