Le dirigeant présumé d’un réseau de fraude immobilière à Montréal a été arrêté en Espagne

La présumée tête dirigeante d’un réseau de fraude immobilière qui a sévi à Montréal, Adnane El Fehdi, a été arrêtée en Espagne avec l’aide d’Interpol, a fait savoir lundi le Service de police de la ville de Montréal (SPVM).
Un mandat d’arrestation avait été lancé contre l’homme de 36 ans en novembre dernier. La Section des crimes économiques de la force policière montréalaise avait à ce moment déjà arrêté 17 suspects — sept femmes et dix hommes âgés de 22 à 60 ans —, mais M. El Fehdi éludait les forces de l’ordre jusqu’à maintenant.
Selon le SPVM, c’est lui qui aurait « le plus haut degré d’implication » dans cette fraude immobilière de plus de 5 millions de dollars. Il a finalement été épinglé à Malaga, en Andalousie, et a été rapatrié vendredi dernier.
Adnane El Fehdi a comparu détenu samedi au palais de justice de Montréal afin de faire face à 10 chefs d’accusations, notamment de fraude, de complot et d’infractions relatives aux produits de la criminalité.
Faux propriétaires, vrais prêts
Le modus operandi mis en place par le groupe peut paraître improbable, mais a bel et bien fonctionné : à l’aide de fausses pièces d’identité, des criminels se faisaient passer pour les propriétaires de maisons cossues, obtenaient un prêt sur ces propriétés et se sauvaient illico avec l’argent du prêteur dès que celui-ci était déposé dans leur compte.
L’enquête criminelle a permis de découvrir que le réseau aurait ciblé cinq propriétés libres d’hypothèques, soit deux résidences de Westmount et de Beaconsfield qui étaient en location et trois terrains vacants de L’Île-des-Sœurs.
Plus précisément, les fraudeurs se présentaient virtuellement devant un premier notaire afin de signer une procuration donnant les pleins pouvoirs d’administration de la propriété à un mandataire faisant partie du réseau criminel. Par la suite, ce mandataire obtenait du financement auprès d’un prêteur privé, puis signait un acte hypothécaire auprès d’un notaire différent. Une fois que l’argent prêté était déposé dans le compte ouvert frauduleusement, les suspects s’empressaient de le retirer. Les conséquences de ces fraudes immobilières ont été majeures, tant pour les propriétaires lésés que pour les prêteurs privés.
Entamée en 2021, l’enquête est la plus grosse pour ce type de fraude immobilière de l’histoire du SPVM, avait souligné en novembre dernier la sergente détective Karine Lessard.
Parmi les suspects appréhendés, certains s’exposent à des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 14 ans.