«Tellement naturel», Yves Marchand

À son troisième album solo depuis les années Zébulon, Yves Marchand atteint le zénith de son art chansonnier, le summum de sa capacité de claviériste, de compositeur et d’arrangeur. Dès Tant que le vent, on est épatés : de la chanson à la Dave Brubeck, avec du Wurlitzer et de la flûte traversière, faut le faire. La contrebasse dans Noire et blanche est si naturellement promeneuse qu’on n’a d’autre envie que celle de la suivre, et c’est ce que Marchand et toute la bande d’élite des musiciens ainsi font, font, font. On pense à Sylvain Lelièvre, tellement l’artiste est au service de la chanson. Une telle générosité dans l’esprit de groupe est admirable, presque à son détriment : il chante si bien, cet Yves, qu’on voudrait qu’il soit aux commandes de ses propres airs. Même dans le blues Les chaleurs du printemps, il demeure doucement derrière, délicat et tendre jusqu’à s’oublier. Le groove de Déjà loin le pousse plus, comme quoi il le peut. Album exceptionnel, oui, ce l’est : imaginez si le gaillard se lâchait lousse. Tellement naturel ET intense : on peut rêver.

Tellement naturel

★★★★

Yves Marchand, Productions Abondance/Les Disques de la cordonnerie

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