Les talents de négociateur de Legault remis en cause à Québec

Les oppositions reprochent à François Legault d’avoir ouvert son jeu en déclarant qu’«on est prêts à beaucoup de compromis. Dans l’aéronautique, dans la forêt… Peut-être la sécurité à long terme sur l’aluminium».
Photo: Christinne Muschi La Presse canadienne Les oppositions reprochent à François Legault d’avoir ouvert son jeu en déclarant qu’«on est prêts à beaucoup de compromis. Dans l’aéronautique, dans la forêt… Peut-être la sécurité à long terme sur l’aluminium».

Après avoir reproché à Justin Trudeau d’être mal placé pour négocier avec le gouvernement de Donald Trump, le premier ministre François Legault a dû à son tour défendre ses capacités de négociateur jeudi.

François Legault place le Québec « en position de faiblesse », a tonné le député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis, en matinée. Le député libéral Frédéric Beauchemin l’a quant à lui traité « d’amateur » et de « pee-wee » lors de la période de questions.

Mercredi, à Washington, M. Legault avait déclaré que le Québec pourrait imposer des contre-tarifs en réponse aux tarifs américains. Une sortie très mal reçue par les entreprises concernées, notamment par Jean Simard, le président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada.

Les oppositions lui reprochent aussi d’avoir ouvert son jeu en déclarant ceci : « On est prêts à beaucoup de compromis. Dans l’aéronautique, dans la forêt… Peut-être la sécurité à long terme sur l’aluminium. »

Comme un « pee-wee »

Pressé de questions, M. Legault est passé en coup de vent devant les médias à l’Assemblée nationale. À une journaliste qui lui demandait s’il « prenait des risques » en « réfléchissant à voix haute de compromis potentiels », le premier ministre a répondu que c’était « stratégique ». « Il faut faire la différence entre le bien des entreprises et le bien des Québécois », a-t-il ajouté en poursuivant son chemin.

Plus tard, à la période de questions, il a défendu l’idée de tarifs sur l’exportation de l’aluminium.

« Si, par exemple […], on choisissait de mettre une taxe à l’exportation de 25 % sur notre aluminium juste aux États-Unis, étant donné qu’il n’y a pas de surcapacité dans le monde, ça forcerait les États-Unis à s’approvisionner ailleurs. Puis, ça forcerait nos entreprises à diversifier leurs marchés. » Cela « mettrait dans la merde les États-Unis », a-t-il ajouté, parce qu’ils ne produisent que 14 % de leur aluminium. « J’ai dit aux Américains : “Si vous jouez dur, on va jouer dur.” »

Avant de le traiter « d’amateur », le député libéral Frédéric Beauchemin a dit qu’il s’était « mis à genoux » à Washington. Il n’aurait pas dû offrir « publiquement » d’ouvrir l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) et se dire prêt à faire « beaucoup » de concessions sans avoir obtenu quelque chose en échange, selon lui. « C’est un pee-wee en matière de négociation », a-t-il aussi lancé.

Piqué au vif, le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a répliqué par une autre insulte : « Ce n’est pas un petit “clin” du Parti libéral qui va nous dire comment gérer le Québec. »

Exaspérée, la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, les a tous invités à se calmer et a noté qu’ils avaient « l’air d’une maternelle ».

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