Soutenir les victimes de la guerre en Ukraine
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
Les attaques russes ont blessé plus de 28 000 civils ukrainiens dans les trois dernières années. Le système de santé, surchargé, peine à soutenir les personnes handicapées et vulnérables. Humanité et Inclusion Canada tente de pallier ce déficit.
En mars 2023, une bombe à sous-munitions a détruit la maison de la famille d’Elena, dans la ville de Kostiantynivka, où elle s’était réfugiée après avoir fui Bakhmout. La femme porte encore aujourd’hui des fragments de métal dans la jambe et près de la colonne. Sa fille, elle, garde un morceau de métal dans le crâne. À quelque 250 kilomètres de là, Antonina est réfugiée à Novomo-skovsk. Atteinte d’un cancer et souffrant des suites d’un accident vasculaire cérébral, cette dame âgée peine à recevoir les services qui répondent à ses besoins.
Crise de santé mentale
L’Ukraine regorge de drames comme ceux-là depuis l’invasion russe de février 2022. « Tout le monde en Ukraine est touché par la guerre d’une manière ou d’une autre », rappelle Victoria Perez, spécialiste de la santé mentale et du soutien psychosocial d’Humanité et Inclusion Canada. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a recensé près de 12 500 morts et plus de 28 000 blessés ukrainiens entre février 2022 et le 31 décembre 2024. L’organisme précise que le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.
S’ajoute à cela le stress quotidien lié aux alarmes aériennes, aux tirs d’obus, à la crainte d’être déplacé, à l’inquiétude pour ses proches, au deuil, à l’impossibilité d’avoir accès à des soins médicaux ou à une sécurité financière, entre autres. Ces difficultés sont amplifiées par l’effondrement des réseaux de soutien social, notamment pour les familles réfugiées.
« La santé mentale et le soutien psychosocial représentent des besoins prioritaires pour les populations touchées par le conflit », souligne Victoria Perez. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, près de 10 millions de personnes en Ukraine sont susceptibles de développer des troubles mentaux, dont 3,9 millions, des problèmes allant de modérés à sévères.
« C’est aussi très difficile pour les personnes qui occupent des postes de “soins”, qui souffrent d’un “double fardeau”, précise Victoria Perez. Elles doivent travailler davantage en raison de la réduction des services et de l’augmentation des besoins, tout en étant elles-mêmes affectées par les raids aériens et les mêmes préoccupations que les autres Ukrainiens. »
Humanité et Inclusion Canada assiste les individus touchés par le conflit, notamment les groupes les plus vulnérables, comme les personnes handicapées, leurs aidants et les professionnels de la santé, en leur apportant un soutien psychologique par le biais de groupes de discussion ou dans le cadre de séances individuelles. Près de 10 000 personnes ont bénéficié d’un tel soutien, et près de 2000 professionnels de la santé ont reçu une formation en réadaptation physique et en soutien psychologique.
La protection des civils se dégrade
Humanité et Inclusion est présent dans plus de 60 pays. Il concentre ses efforts sur l’aide humanitaire, le développement inclusif des personnes en situation de handicap et la réduction de la violence armée. L’organisme a été désigné colauréat du prix Nobel de la paix en 1997 en tant que membre fondateur de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, qui a abouti à l’établissement de la Convention d’Ottawa. Il a aussi pris part à des campagnes contre les bombes à sous-munitions et contre le bombardement de zones peuplées.
« Humanité et Inclusion a d’abord été créé pour réagir à des crises humanitaires, mais a élargi au fil des ans son action pour tenter d’agir sur les causes de ces crises », souligne sa directrice générale, Anne Delorme.
Cette dernière s’inquiète du recul actuel dans l’architecture de protection des civils. La Russie, qui n’adhère pas à la Convention d’Ottawa, a employé des mines antipersonnel dans sa guerre contre l’Ukraine. En réponse, l’Ukraine a fait de même, malgré le fait qu’elle avait signé ce traité. Les deux belligérants utilisent également des bombes à sous-munitions.
Autre signe de recul, la Lituanie est devenue en 2024 le premier État à se retirer de la Convention sur les armes à sous-munitions (Convention d’Oslo, adoptée en 2008). Elle a invoqué son besoin de se défendre face à la menace russe. C’est aussi l’argument avancé par la Finlande, qui envisage de quitter la Convention d’Ottawa et de réintroduire des mines antipersonnel dans son arsenal.
« C’est facile de respecter ses obligations en temps de paix, mais c’est en temps de guerre qu’il est important de protéger les droits des civils », affirme Anne Delorme. Elle rappelle que 85 % des victimes de mines antipersonnel sont des civils et qu’il faut des décennies pour décontaminer les territoires après les conflits.
L’action d’Humanité et Inclusion en Ukraine
9927 personnes ont été dirigées vers les services d’Humanité et Inclusion par ses équipes de protection
9812 personnes ont reçu du soutien psychologique
1924 professionnels de la santé ont reçu une formation en réadaptation physique et en soutien psychologique
Près de 15 000 séances de réadaptation ont été données (plus de 4450 bénéficiaires)
7691 séances de sensibilisation aux dangers des engins non explosés ont été tenues
3529 transports d’aide humanitaire ont eu lieu, par l’entremise d’Atlas Logistique
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.