SOCODEVI, la géante méconnue
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
La Société de coopération pour le développement international célèbre 40 ans de lutte pour un monde plus juste.
Peu de gens le savent, mais l’un des principaux organismes de coopération internationale canadiens est québécois et célèbre ses 40 ans cette année. La SOCODEVI — acronyme de Société de coopération pour le développement international — emploie plus de 400 personnes et a appuyé, au cours de l’année 2023-2024, 325 coopératives réparties dans 17 pays. La trentaine de projets que l’association y déploie a permis de venir en aide à plus de deux millions de personnes.
Qu’il s’agisse de favoriser les conditions des femmes et des enfants dans le tourisme au lac Atitlán, au Guatémala, d’améliorer les conditions des travailleurs agroforestiers du Maroc, de rehausser la qualité du cacao colombien ou d’assurer la reforestation du Sahel burkinabè, il y a un peu de Québec là-dedans.
« On est le principal partenaire québécois d’Affaires mondiales Canada, qui finance nos initiatives à hauteur de 80 à 90 %. Sur les questions agricoles, on est son plus gros partenaire canadien », explique Jean-Philippe Marcoux, le directeur général de l’organisme.
Cet OBNL réunit 14 membres, pour moitié des sociétés mutuelles (Promotuel, Beneva, Humania, UV, etc.) et des regroupements coopératifs (Confédération québécoise des coopératives d’habitation, Fédération des coopératives funéraires, etc.).
Avec les années, la SOCODEVI a mis en place une série d’outils informatiques afin de suivre chaque projet et d’en mesurer les résultats d’année en année. « On sait qu’on a contribué à augmenter l’indice d’autonomisation des femmes de 30 %, que le revenu agricole moyen des ménages s’est accru de 35 % et que l’indice de pauvreté a diminué de 9,5 % [au sein des populations appuyées] », énumère M. Marcoux. Et, lit-on dans le dernier rapport annuel, les coopératives soutenues ont quadruplé leur chiffre d’affaires et multiplié par 30 leurs avoirs totaux.
En cette Année internationale des coopératives (décrétée par les Nations unies), la réputation de la SOCODEVI dans la planète coopérante n’est plus à faire. Elle est le premier OBNL étranger à rejoindre, en tant que membre associé, le U.S. Overseas Cooperative Development Council (OCDC) — un organisme américain réunissant 10 organisations nord-américaines. « Nous avons maintenant accès à leur excellent centre de recherche », indique le directeur général.
Le directeur du programme international de la SOCODEVI, François Dionne, siège également comme représentant du Canada au conseil d’administration de la section Amérique de l’Alliance coopérative internationale. Cet organisme basé à Bruxelles et fondé il y a 130 ans regroupe plus de 300 organisations partout sur la planète. « On est dans la coopération, pas la concurrence, souligne Jean-Philippe Marcoux. Alors, les organismes de coopération doivent coopérer entre eux. »
La méthode SOCODEVI
Un projet typique de la SOCODEVI implique habituellement une dizaine de coopératives, mais, précise son directeur général, elle a déjà agi pour soutenir aussi peu que deux organismes en Côte d’Ivoire et jusqu’à 40 en Colombie.
Si la SOCODEVI vise à favoriser l’égalité des genres, le développement économique et la résilience aux changements climatiques, son travail porte concrètement sur la gouvernance, l’amélioration des services aux membres et le renforcement de l’entreprise coopérative.
« Un projet peut exiger qu’on agisse sur la production, en quantité ou en qualité, sur le stockage, sur la transformation, sur la commercialisation, sur les exportations. Pour le nouveau projet qui démarre aux Philippines, l’enjeu sera le développement des exportations de café », indique M. Marcoux.
L’organisation a une longue expérience en la matière. Son projet de soutien au cacao colombien a permis à la coopérative Workakao de remporter en 2024 la catégorie Or du concours Cacao of Excellence remis à Amsterdam. « Ce positionnement était l’un des objectifs de ce projet », affirme le directeur général.
La dimension sociale est toujours très présente dans les initiatives que porte la SOCODEVI. L’une des ambitions du projet de reforestation que l’organisme mène actuellement au Burkina Faso — et qui touchera 8000 femmes et 2000 jeunes hommes — vise à favoriser une masculinité positive, des espaces de dialogue et de réflexion avec les hommes et la déconstruction des stéréotypes.
Selon Jean-Philippe Marcoux, l’un des secrets du succès d’un organisme tel que la SOCODEVI consiste à s’en tenir aux types de projets qu’il est capable de mener à bien. L’autre secret est d’en assurer le financement complet, sur toute leur durée. L’organisation y parvient principalement grâce au soutien d’Affaires mondiales Canada, mais également grâce aux contributions financières et matérielles d’une flopée d’organismes et d’entreprises, telles que Fonds Solidarité Sud, le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec ou ONU Femmes, lit-on dans le rapport annuel.
Outre le soutien matériel de dizaines d’organismes dans le monde, la SOCODEVI fait fréquemment appel à ses membres. Au Sénégal, par exemple, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation a été très impliquée dans un projet d’habitation. « On ne l’aurait pas fait sans eux. » Le directeur général se félicite également de compter parmi ses membres, depuis l’an dernier, la Coop Carbone. « La mitigation ou l’adaptation aux changements climatiques et la restructuration d’écosystèmes reviennent de plus en plus souvent dans les projets. »
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