«Schubert», Aimi Kobayashi

Oh, la grosse, l’énorme surprise ! Les schubertiens montréalais se relèvent à peine de la soirée Herbert Schuch à Bourgie. Pourtant, la Sonate D. 958 était peu consensuelle, péremptoire, verticale, avec une vocalisation limitée et inhabituelle. La Japonaise Aimi Kobayashi livre l’expérience exactement inverse, avec un « voicing » (continuité du son dans les phrases) de rêve, une rémanence sonore qui fait planer une sourde et progressivement étouffante tension dans le mouvement lent. Kobayashi, 4e Prix du Concours Chopin 2021 remporté par Bruce Liu, se développe magnifiquement en tant qu’artiste. On peut rejeter son approche comme étant d’une poésie un peu précieuse, d’une élégance trop parfaite (le 4e mouvement de la Sonate n’a pas le pétillement et la spiritualité), mais quel son, quelle classe ! Aimi Kobayashi n’est pas partie pour être un feu de paille : elle impose une distinction et une beauté universelle (Impromptus !) dans un monde gagné par l’égocentrisme et la vulgarité. On en a besoin.
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Schubert, Aimi Kobayashi
Sonate pour piano D. 958. Impromptus op. 142. Warner 2173241693.