Sam Hamad lorgne-t-il la mairie de Québec?

Publiquement, Sam Hamad se dit toujours « en réflexion » quant à son possible saut dans l’arène municipale pour arracher la mairie de Québec. En privé, cependant, l’ancien ministre responsable de la Capitale-Nationale s’active, sonde ses appuis et met en marche ce qui a tous les airs d’une candidature visant à déloger Bruno Marchand en novembre 2025.
L’ancien député de Louis-Hébert ne le nie pas : dans la capitale, plusieurs l’accostent pour l’inciter à se lancer. « Je suis sollicité à Québec, pas mal, même, je dirais… avance le principal intéressé. Mais je réfléchis encore, il n’y a aucun changement de ce côté-là. »
Les projecteurs se braquent pourtant à nouveau sur lui. Son ancienne collègue dans trois gouvernements Charest Nathalie Normandeau affirmait lundi, sources anonymes à l’appui, que Sam Hamad briguait l’hôtel de ville de Québec.
La nouvelle rapportée par le 98,5 FM a fait bondir le politicien presque malgré lui. « Vous savez, quand la saison de radio commence, vous avez besoin de quelque chose pour partir à la bonne place. Probablement que pour Nathalie, c’était un bon départ », indique-t-il, précisant « n’avoir jamais parlé » de cette ambition que plusieurs s’entêtent à lui prêter.
Pourtant, la semaine dernière, l’ancien ministre des Transports était au prestigieux club de golf Laval-sur-le-Lac dans le cadre d’un événement organisé par l’Institut de développement urbain du Québec. Et la directrice générale de l’organisation, l’ancienne ministre libérale Isabelle Melançon, aurait entendu un autre discours en privé. « Je l’ai vu la semaine dernière, et il m’a dit qu’il préparait des choses, raconte l’ancienne ministre de l’Environnement de Philippe Couillard. Ça fait des mois que nous entendons qu’il convoite la mairie de Québec. Il nous a indiqué que quelque chose s’en venait. »
Sam Hamad se défend d’avoir tenu de tels propos. « Je n’ai jamais dit que quelque chose s’en venait. C’est leur interprétation. Peut-être qu’ils ont dit ça au cocktail, après une bonne bière… »
Des rencontres « exploratoires »
Pourtant, le candidat pressenti à la mairie de la capitale a multiplié les rencontres avec des élus de Québec au cours des derniers mois. M. Hamad a tenu en octobre dernier une rencontre avec Équipe Priorité Québec à la demande du parti, selon le porte-parole de la formation, Frédéric Munger. Depuis, les discussions se poursuivent de manière « joviale et sympathique ».
En coulisse, Sam Hamad discute avec des membres du conseil municipal et des hiérarques des différents partis d’opposition. « J’ai rencontré des conseillères municipales et des conseillers municipaux. J’ai jasé avec. Je leur ai demandé : “Comment ça va ?”, assure l’ancien président du Conseil du trésor du Québec. Ça me permet de prendre des nouvelles, de voir l’état d’esprit, de voir aussi comment ça va à la Ville — comment ça va, les choses. »
Ces rencontres « exploratoires » ne concernent cependant que des élus de l’opposition. L’attaché politique du maire Marchand, Thomas Gaudreault, assure qu’aucun membre du cabinet n’a eu de rencontre avec lui.
Des pourparlers avec le conseiller du district de la Chute-Montmorency–Seigneurial, Stevens Melançon, auraient par contre une nature plus intéressée, selon deux sources à l’hôtel de ville. Selon elles, l’élu d’Équipe Priorité Québec aurait envie de goûter au pouvoir après plusieurs mandats sur les banquettes de l’opposition. « Stevens croit qu’il aurait plus de chances de réussir avec Sam », indique l’une d’elles sous le couvert de l’anonymat.
L’information a aussitôt été démentie par la formation politique. « C’est impossible, soutient Frédéric Munger. Stevens est un des êtres les plus intègres que je connaisse, il nous le dirait en toute transparence s’il avait ce genre de discussions avec Sam Hamad. »
Des rencontres avec des élus de Québec d’abord, l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville, auraient aussi eu lieu au cours des derniers mois. Le chef du parti, Claude Villeneuve, n’a jamais caché son envie de s’emparer de la mairie de Québec. Ce père de deux enfants en bas âge a toutefois publiquement exprimé son ouverture à laisser à quelqu’un d’autre le soin de porter les couleurs de son parti en 2025.
Chez Québec d’abord, le mot d’ordre à l’interne est de garder « les oreilles ouvertes » aux propositions extérieures, mais tout changement à la tête du parti devra impérativement recevoir l’aval des sept élus.
Dans sa réflexion, Sam Hamad soupèse l’idée de s’emparer de la chefferie d’un parti. « Il faut l’évaluer, c’est normal. Si je décide d’y aller, il faut que je sache dans quelle mécanique je vais m’embarquer. »
« C’est une bête »
Les proches de Sam Hamad consultés par Le Devoir mardi insistent sur le talent politique de l’ancien ministre et sa connaissance intime des dossiers touchant à la capitale. « C’est une bête. Si j’étais dans l’équipe de Bruno Marchand, je commencerais tout de suite à me préparer, parce que lui, c’est sûr et certain qu’il va être prêt », indique un ancien organisateur libéral.
L’ancien ministre paraît avoir déjà peaufiné son argumentaire. « Les choses sont très difficiles actuellement à Québec, indique Sam Hamad. L’économie ne va pas bien, les relations avec le gouvernement ne vont pas bien, on n’a pas de gros projets économiques dans la région. Tout ce qu’on a bâti, tout ce que Régis Labeaume a bâti, on est en train [de le perdre]. »
À quel moment sa réflexion prendra-t-elle fin ? « La logique dit que ça ne sert à rien avant le printemps », répond le principal intéressé — sans préciser si la logique évoquée est, d’abord et avant tout, électorale.