Rester solidaire face aux défis de ce monde

Malik Cocherel
Collaboration spéciale
Rosalie Bouchard est l'autrice et illustratrice de « Rêver le monde : l’héritage de Paulo Freire », une bande dessinée destinée à faire connaître aux plus jeunes la pensée du pédagogue brésilien.
Photo: Photo fournie par l’autrice Rosalie Bouchard est l'autrice et illustratrice de « Rêver le monde : l’héritage de Paulo Freire », une bande dessinée destinée à faire connaître aux plus jeunes la pensée du pédagogue brésilien.

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale

Alors que la nouvelle édition de la Semaine du développement international se profile à l’horizon, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) entend se saisir de l’occasion pour réaffirmer l’importance de la participation citoyenne. Dans un monde où la démocratie n’a jamais été autant menacée, cet engagement collectif reste un rempart essentiel, vecteur de solidarité et porteur d’espoir.

En novembre dernier, la directrice générale de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), Michèle Asselin, s’inquiétait fortement de l’état de la démocratie dans le monde. « Cela nous interpelle forcément », nous disait-elle à l’orée des 29es Journées québécoises de la solidarité internationale. En ce début d’année 2025, la montée des autoritarismes demeure plus que jamais une préoccupation majeure à l’échelle mondiale. Les conflits armés en Ukraine et au Moyen-Orient, la montée des populismes en Europe ainsi que le retour au pouvoir de Donald Trump chez nos voisins américains n’ont pas manqué de faire vaciller davantage les valeurs démocratiques.

Dans ce contexte incertain, l’AQOCI a choisi de placer de nouveau la démocratie et la participation citoyenne au centre des débats de l’édition 2025 de la Semaine du développement international, organisée du 2 au 8 février avec le soutien d’Affaires mondiales Canada. « Il est essentiel de poursuivre la réflexion et la mobilisation autour de ces enjeux fondamentaux », explique Mme Asselin. Un panel de discussion sur le rôle de la participation citoyenne pour le climat, la biodiversité et les droits des femmes est notamment au programme, tout comme des échanges enrichissants et inspirants avec des volontaires appelés à partager leurs témoignages sur l’effet du volontariat international.

Des actions porteuses de changement

« On peut se laisser envahir par le désespoir si l’on ne comprend pas comment agir ensemble et comment la mobilisation peut contribuer à proposer des solutions pour inverser un peu la vapeur, poursuit la directrice générale de l’AQOCI. Nous sommes profondément bouleversés par l’aggravation des conflits et des reculs en matière de droits dans le monde. Mais il est essentiel de montrer qu’il est possible d’agir, même dans les situations les plus difficiles. » L’Association, qui regroupe plus de 70 organismes de coopération et de solidarité internationales basés dans 14 régions du Québec, se fait précisément le porte-voix de ces actions porteuses de changement.

« Les projets que nous soutenons produisent des résultats concrets, notamment en Haïti, où la population civile fait face à une crise dramatique, confie Michèle Asselin, à titre d’exemple. Le Québec mène une action de coopération et de solidarité internationale active pour venir en aide aux personnes fuyant les violences à Port-au-Prince. Nous préparons une cartographie de ces projets, que nous rendrons publique sur notre site Web dans les prochaines semaines, afin d’illustrer la façon dont cette mobilisation collective des organismes québécois et de la diaspora haïtienne contribue à améliorer les conditions de vie de la population locale. »

Embrasser la participation citoyenne

Mettre en lumière le pouvoir transformateur de l’engagement citoyen figure parmi les priorités de l’AQOCI durant cette Semaine du développement international. Cela passe, entre autres, par un travail de sensibilisation auprès des nouvelles générations qui s’inquiètent, avec raison, des grands défis menaçant notre planète et l’humanité. À ce titre, un événement est prévu le 6 février à la Maison du développement durable, pour marquer le lancement de la troisième saison du balado Prendre part, de la Table de concertation jeunesse en solidarité internationale, et de la bande dessinée de Rosalie Bouchard, Rêver le monde. L’héritage de Paulo Freire, destinée à faire connaître aux plus jeunes la pensée du pédagogue brésilien.

En prônant, dès les années 1970, un modèle d’apprentissage interactif et participatif dans son ouvrage emblématique Pédagogie des opprimés, Paulo Freire a profondément influencé les pratiques d’éducation populaire, tant au Québec que partout dans le monde. « Il a joué un rôle déterminant dans nos réflexions sur la manière de permettre à chaque citoyenne et à chaque citoyen de reprendre le contrôle sur sa vie, tout en proposant des approches qui unissent les communautés et les peuples pour un changement social en profondeur », souligne Michèle Asselin. En cela, la BD de Rosalie Bouchard porte un vrai message d’espoir, en plus d’être un bel objet d’art. 

Trois questions à l’autrice de « Rêver le monde : l’héritage de Paulo Freire »

Originaire du Bas-Saint-Laurent, l’autrice et illustratrice de 24 ans Rosalie Bouchard a relevé le défi de traduire la pensée de Paulo Freire en superbes planches destinées à éveiller les consciences et à inspirer l’engagement citoyen.

Comment avez-vous travaillé sur cette bande dessinée ?

Lorsque l’AQOCI m’a proposé de réaliser un projet autour de Paulo Freire, j’ai commencé par me plonger dans ses écrits pour en apprendre davantage sur sa philosophie. Je me suis interrogée sur la participation citoyenne et sur la manière de la représenter. Mes voyages en Amérique centrale, notamment au Nicaragua, qui a traversé de grandes périodes de troubles politiques, m’ont également beaucoup inspirée.

Pourquoi avoir choisi de raconter le parcours de Paulo Freire à travers le regard d’une jeune étudiante ?

Je trouvais que c’était une manière accessible et percutante de faire découvrir Paulo Freire aux jeunes générations. En construisant l’histoire autour d’une étudiante, qui ne vient pas nécessairement du Québec, je souhaitais rendre son message universel et toucher un public le plus large possible.

En quoi son histoire peut-elle contribuer à une prise de conscience sur l’engagement citoyen et le monde qui nous entoure ?

Dans la bande dessinée, l’adolescente au cœur de l’histoire découvre, en lisant les écrits de Paulo Freire, que ses apprentissages font d’elle une personne capable d’agir. Elle développe une conscience citoyenne en comprenant qu’elle a un rôle essentiel à jouer dans la société. Ce parcours initiatique montre que chacun peut devenir un acteur de changement.

Rêver le monde. L’héritage de Paulo Freire est disponible gratuitement, en français et en anglais, sur le site de l’AQOCI. La bande dessinée sera également traduite en portugais pour être distribuée au Brésil lors de la COP30, qui se tiendra à Belém, en novembre prochain.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo