«Requiem», Raphaël Pichon

Avoir entre les mains cette parution de fin 2024 était capital : l’objet physique (un petit coffret au livret fourni) s’impose pour un Requiem de Mozart hors de l’ordinaire. Alors que les 50 dernières années ont été consacrées à remettre en cause la complétion de Süssmayr, modestement (Beyer), plus radicalement (Levin), abruptement (Hogwood, qui arrête le requiem là où Mozart est mort) ou de manière ubuesque (Jacobs-Dutron), Raphaël Pichon garde la version traditionnelle, mais crée un cérémonial. Il fait précéder et suivre la messe de Requiem du plain-chant In Paradisum, et intercale des œuvres moins connues de Mozart. La plus saisissante est, entre « Domine Deus » et « Hostias », Quis te comprehendat, K. Anh. 110, passage de la Sérénade K. 361 avec des paroles. Pichon choisit de faire suivre le « Lacrimosa » par la fugue esquissée, mais l’interrompt là où Mozart est mort. Cela devient un Requiem pour Mozart et, de manière visionnaire, pour l’humanité. Interprétation illuminée, solistes parfaits.

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