Renforcer l’autonomie économique des agricultrices au Ghana
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
Lancé par Oxfam-Québec, le projet WeAct (Women Economic Advancement for Collective Transformation) vise à générer davantage de revenus, de temps et de responsabilités pour les femmes travaillant dans les cultures de karité et de cacao. Et ce, tout en allégeant leur charge mentale.
Lancé en 2020, le projet financé par Affaires mondiales Canada s’attaque aux obstacles auxquels se heurtent les jeunes agricultrices de plusieurs régions au nord du Ghana. « On vise à modifier les attitudes et les comportements dans la communauté pour qu’elles soient vraiment autonomes économiquement », résume Nazik El Yaalaoui, directrice principale des programmes internationaux chez Oxfam-Québec.
Au Ghana, les coutumes patriarcales font en sorte que les femmes se retrouvent avec une lourde charge mentale, en étant à la fois responsables des tâches ménagères et du travail pour nourrir leurs enfants. « Quand les hommes reconnaissent ce travail invisible, leur mentalité évolue », souligne Mme El Yaalaoui, qui observe des changements au niveau des rôles sociaux et des prises de décisions. Par exemple, des pères vont maintenant chercher l’eau destinée aux besoins de leurs familles, alors qu’auparavant, cette tâche était réservée aux femmes, explique-t-elle.
Cette notion du travail invisible des filles peut trouver écho chez les Québécois, fait-elle valoir. En octobre dernier, 90 % des agricultrices de la province estimaient d’ailleurs être en surcharge mentale, selon un sondage Léger commandé par les Agricultrices du Québec.
Des équipements et du temps
En collaboration avec des partenaires locaux sur le terrain, Oxfam-Québec a mis sur pied un modèle plaçant les femmes au centre de la famille. « C’est une approche qui défait les stéréotypes, qui réinvente les dynamiques de pouvoir dans le foyer et dans la communauté, et qui amène des changements dans les mentalités », explique Mme El Yaalaoui.
Le projet a également proposé des formations en entrepreneuriat et en littératie financière pour aider les participantes à développer leurs activités. L’achat d’électroménagers, comme des cuiseurs à riz, a ainsi permis de diminuer le temps que passent les femmes à accomplir certaines tâches.
Les femmes disposent aussi maintenant d’équipements qui leur servent à fabriquer du beurre de karité ou à transformer du cacao plus rapidement. « Au lieu de faire tout le processus de production à la main, elles économisent dorénavant environ quatre heures de travail », calcule Mme El Yaalaoui, citant en exemple une bénéficiaire qui a pu doubler ses revenus de cette façon.
WeAct a, de plus, proposé du soutien légal aux agricultrices en les informant sur leurs droits. « Comme elles vivent dans des communautés reculées, elles ne savaient pas, par exemple, qu’elles pouvaient acheter un terrain pour étendre les activités de leur entreprise », souligne la directrice.
Du temps pour souffler
Depuis les débuts du projet WeAct, les participantes ont gagné plusieurs heures de temps libre, qu’elles peuvent désormais consacrer à des activités génératrices de revenu. « Avant, l’homme n’était jamais responsable de changer ou d’habiller son enfant, ni en public ni en privé. Maintenant, elles ont de l’aide », rappelle Nazik El Yaalaoui.
Si certains chefs religieux ou locaux étaient au départ réticents à une telle réforme, ils ont pu changer d’avis en voyant la transformation sociale qui s’opérait dans leur communauté. « Tout le monde sent que, dans le quotidien, il y a une évolution positive », constate la directrice.
Les revenus supplémentaires que touchent les agricultrices leur permettent non seulement d’épargner, mais également de subvenir aux besoins de leurs familles d’une meilleure façon. « Avec cet argent, elles vont acheter des aliments plus nutritifs et vont financer l’éducation des enfants, surtout celle des filles », souligne la directrice. Ainsi, les adolescentes peuvent consacrer davantage de temps à s’instruire plutôt que de s’adonner uniquement aux tâches ménagères.
Des changements qui contribuent aussi au bien-être des couples. « Avant, il y avait toujours des conflits parce que les femmes travaillaient beaucoup. Elles s’énervaient, et les hommes allaient se marier à d’autres femmes plus jeunes, explique Mme El Yaalaoui. Mais maintenant, ils sont fiers de s’afficher publiquement avec leur épouse. » Ainsi, en plus de mieux pourvoir aux besoins de leur famille, les agricultrices ont davantage de temps pour prendre soin d’elles-mêmes et d’argent pour s’acheter de nouveaux vêtements, décrit la directrice.
En octobre dernier, 5012 femmes avaient pris part à l’initiative. Un nombre qui va grandir jusqu’à la fin du projet, courant février, avec des effets pérennes sur les communautés. « Elles nous ont dit : “Ces connaissances qu’on a apprises, elles ne vont jamais disparaître” », conclut Nazik El Yaalaoui.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.