Mardi de misère pour les usagers du REM

Mauvaise journée pour les usagers du Réseau express métropolitain (REM) mardi. Après les perturbations survenues en matinée en raison d’un problème d’aiguillage, CDPQ Infra a annoncé quelques heures plus tard un ralentissement de service attribué à l’entretien hivernal requis pour les voitures des trains.
« Le REM circule, mais le service de navette sera maintenu jusqu’à la fin de la journée », a fait savoir CDPQ Infra en après-midi, après une troisième perturbation du service en moins de 24 heures.
Cette fois, il s’agissait d’une réduction du nombre de voitures disponibles attribuable aux équipements nécessitant un entretien plus fréquent en hiver. « L’entretien requis sur les voitures affecte la disponibilité de la flotte, particulièrement ces derniers jours. Nous comprenons la frustration des usagers et nous nous assurons que nos partenaires déploient des solutions immédiates et à long terme. » Le ralentissement de service devait se prolonger en soirée.
Tôt en matinée, mardi, le REM a connu d’autres pépins en raison d’un problème d’aiguillage. Le service a été ralenti pendant une bonne partie de l’heure de pointe avant que la situation puisse revenir à la normale. Quand un autre ralentissement de service a été signalé dans les deux directions en début d’après-midi, les usagers ne se sont pas gênés pour exprimer leur exaspération sur les réseaux sociaux. « C’est quoi la cause maintenant ? Trop de soleil ? » ironisait un usager.
Des pannes à répétition
Le mauvais sort s’acharne sur le REM qui, lundi, a dû suspendre son service en raison d’une panne de courant sur un tronçon du réseau. Les trains ont cessé de circuler entre 16 h 10 et 19 h 45.
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Sylvie Robichaud prend le REM tous les soirs pour rentrer chez elle, sur la Rive-Sud. Mais lundi, il lui a fallu trois longues heures pour se rendre à la maison alors que ce trajet lui prend habituellement à peu près une heure.
Peu après l’embarquement à la gare Centrale vers 16 h, le train s’est immobilisé à L’Île-des-Sœurs pour ne plus repartir. Les passagers ont dû faire le pied de grue en attendant l’arrivée des navettes. « J’ai attendu plus d’une heure dans la neige. On n’avait pas d’information », explique-t-elle. « À chaque fois, c’est la roulette russe. On se demande si le REM va fonctionner ou non. »
Les usagers du REM avec qui Le Devoir s’est entretenu en avaient gros sur le cœur concernant non seulement les arrêts de service, mais aussi les lacunes dans les communications aux passagers et le service de navettes, qui est inadéquat selon eux.
« C’est clair que les gestionnaires du REM ne le prennent pas », lance Mme Robichaud. Elle regrette l’autobus qui autrefois la menait du stationnement Chevrier, à Brossard, au centre-ville de Montréal. « On s’est fait imposer le REM. Ils nous ont enlevé tous les autres modes de transport. On n’a pas eu le choix », ajoute-t-elle au sujet du monopole obtenu par le REM pour l’accès au pont Samuel-De Champlain.
Une attente chaotique
Les usagers déplorent aussi ne pas avoir droit à un dédommagement lorsqu’ils sont obligés de retourner à la maison en taxi ou par d’autres moyens pendant les arrêts de service.
Ariane Normandeau, qui devait prendre le REM lundi, s’est retrouvée à la gare Centrale tandis que des centaines d’usagers attendaient les navettes. « Aucun employé n’était présent pour nous indiquer quelle navette prendre pour Panama, L’Île-des-Sœurs ou Brossard », relate-t-elle. « Les files étaient chaotiques. Les gens dépassaient. Personne ne savait s’il était au bon endroit. » Elle fait partie de ceux qui ont fini par prendre un taxi. « En plus de mon abonnement mensuel que je venais tout juste de payer, j’ai dû débourser 60 $ de plus pour le taxi », déplore-t-elle.
CDPQ Infra reconnaît que le service du REM connaît encore des lacunes. Directeur adjoint aux relations avec les médias à CDPQ Infra, Francis Labbé a indiqué que les causes exactes des problèmes survenus lundi et mardi matin ne sont pas encore connues. « L’explication la plus plausible qu’on regarde pour l’interruption de lundi, c’est un défaut au niveau de la mise à la terre. On a des équipements qu’on va devoir vérifier pour être sûr qu’ils ont fait leur travail. »
Au sujet du plan de relève, M. Labbé admet que le système n’est pas idéal malgré les améliorations apportées l’été dernier. Les autobus appelés en renfort lors des pannes proviennent du Réseau de transport de Longueuil (RTL) et doivent se rendre jusqu’au centre-ville de Montréal dans des conditions parfois difficiles à l’heure de pointe. « Un autobus transporte entre 40 et 50 personnes, alors que le REM, c’est entre 600 et 700 personnes. Donc, dès le départ, il faut beaucoup d’autobus pour offrir un service équivalent », avance-t-il.
Francis Labbé fait valoir que le nombre de pannes a diminué depuis la mise en service du REM en juillet 2023. Entre le 1er décembre 2023 et le 4 février 2024, CDPQ Infra a recensé 20 pannes qui ont duré plus de 20 minutes. Pour la même période en 2024-2025, le nombre de pannes s’est limité à 9, soutient-il.
Les trois incidents survenus en 24 heures ne sont pas de nature à calmer la frustration des usagers. « Depuis sa mise en service, ce qui aurait dû être une amélioration du transport en commun est devenu une source constante de stress et d’anxiété pour moi, comme pour de nombreux autres usagers, explique Lyne Desrosiers. Il est inacceptable qu’un réseau de transport public, censé faciliter la vie des citoyens, devienne un facteur d’angoisse quotidien. »
Interruptions prolongées
Il y a une semaine, une autre interruption du service du REM avait été imputée à des vents forts.
Les usagers n’en ont pas terminé avec les perturbations, car CDPQ Infra a déjà annoncé que des arrêts de service seront requis au cours des prochains mois en raison de l’entrée en fonction des antennes de Deux-Montagnes et de l’Anse-à-l’Orme, prévue pour l’automne 2025.
En effet, la migration de l’ensemble des systèmes vers le centre de contrôle de Brossard et les tests d’intégration des nouveaux tronçons entraîneront d’importantes interruptions du service. Ainsi, il n’y aura pas de service du REM les fins de semaine pour la période allant de février à juin, et une fermeture complète du réseau est prévue du 5 juillet au 17 août.