Réinventons notre monde

Nous, Homo sapiens, avons pris une tangente particulière en nous créant des mondes imaginaires collectifs et en y adhérant comme si cela incarnait la réalité. Un jour, notre cerveau nous a permis de concevoir des histoires communes. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Yuval Noah Harari. Cette capacité est devenue un outil tranchant. Une force plus grande que nature ralliant tous nos savoirs et toutes nos compétences. Ça a bouleversé l’évolution de notre espèce.

Il importe d’en prendre conscience : nous subissons un mythe collectif longtemps poli par nos ancêtres. Nous adhérons à des constructions sociales mises en place il y a des siècles. Nous appartenons, littéralement, à l’illusion que nous avons tissée, génération après génération. Et c’est devenu dangereux. Notre création est en train de prendre feu. Avec les modèles de communication et de gouvernance qui sont les nôtres, nous sombrons dans une forme de croyance nocive pour notre espèce et pour notre planète.

Je voudrais tant qu’on se réveille et qu’on réinvente ce monde imaginaire dans lequel nous évoluons. Je voudrais tant que la dissonance et la dysharmonie brûlent pour laisser place à la coopération, au respect des différences et à l’ouverture.

Je me prends à rêver de ce que nous pourrions créer comme nouvelle réalité. J’y verrais une capacité à nous réenchanter du vivant. Il me semble que chaque jour redeviendrait une aventure, une exploration, une occasion d’ivresse et de délicatesse.

Peut-être que ce que nous expérimentons actuellement ; la dissolution de nos démocraties, les guerres innommables, l’atteinte aux droits de la personne et la crise climatique, ne sont qu’une brèche dans notre fiction collective, une invitation à insérer la donnée qui nous fait envie, une faille dans laquelle glisser tout ce qui nous rend vibrants. J’aime à le croire. J’aime à me l’imaginer.

C’est peut-être le point de départ dont nous avons tous besoin. Réimaginer notre monde. Revoir nos fondations. Permettre le passage vers un nouvel état. Et, pourquoi pas, accueillir l’écroulement en cours de route. Embrasser la chute des empires. Bercer cette fin du monde tel que nous l’avons connu.

J’aime à le croire. J’aime à l’imaginer. Et, surtout, j’aime espérer que cet élan soit collectif.

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