Le racisme à l’endroit d’infirmiers africains dénoncé au Parlement

«C’est dégueulasse. Je trouve ça déplorable», a lancé mardi le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, lorsque questionné sur le racisme subi par des infirmiers africains en Abitibi.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne «C’est dégueulasse. Je trouve ça déplorable», a lancé mardi le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, lorsque questionné sur le racisme subi par des infirmiers africains en Abitibi.

Ministres et députés se sont dits choqués mardi par les révélations du Devoir sur le racisme subi par des infirmiers d’origine africaine en Abitibi. Mais le gouvernement Legault juge qu’il n’a pas à intervenir puisque des recours sont déjà à la disposition des victimes.

« C’est dégueulasse. Je trouve ça déplorable », a lancé mardi le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, lorsque questionné à ce sujet. « Je trouve ça totalement déplorable, de nos jours, que des gens se comportent comme ça. »

Une enquête du Devoir avait révélé que des infirmiers et infirmières recrutés en Afrique avaient été victimes d’intimidation et de dénigrement au cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et dans les hôpitaux de la région où ils ont été formés. Le reportage dévoilait en outre qu’une infirmière avait perdu son emploi après avoir dénoncé la situation.

Interrogé sur les actions à prendre, le ministre Skeete a souligné que divers recours existaient déjà. « On a les outils en place, a-t-il dit. Un prof peut subir des sanctions s’il ne fait pas son travail comme il faut. Un étudiant peut se plaindre soit à l’école, soit au syndicat étudiant, soit à la Commission des droits de la personne. »

Plus tôt en matinée, son collègue à l’Immigration, Jean-François Roberge, avait lui aussi dénoncé les comportements décrits dans l’article.

« Pas sa place au Québec »

« Jamais on ne soutiendra des manifestations d’intolérance ou de racisme. Je pense [que] ça n’a pas sa place au Québec. […] Les personnes qui ont manifesté des sentiments comme ça, là, qu’on pourrait associer au racisme ou à la xénophobie, doivent être rencontrées », a-t-il lancé.

Le ministre Roberge a tenu ces propos en marge d’une annonce sur le nouveau modèle d’intégration québécois qu’il souhaite implanter par un projet de loi jeudi.

Ce projet de loi, a-t-il indiqué, ne fera pas que dicter des obligations aux nouveaux arrivants : il inclura aussi un « principe de réciprocité ». « Il y a aussi, du point de vue du gouvernement et de la société d’accueil, des devoirs », a-t-il ajouté.

Les trois partis d’opposition ont également dénoncé avec force le racisme subi par les victimes dans cette affaire. « Quand j’ai lu ça, j’ai été troublé », a lancé le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay. « Je pense que les autorités en place doivent faire toute la lumière là-dessus. »

La co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, a en outre déploré le congédiement de l’infirmière qui a dénoncé la situation. « Il n’y a personne qui mérite de perdre son emploi parce qu’il a lancé l’alerte face à une situation inacceptable qui est vécue dans nos services publics. »

Du côté du Parti québécois, le porte-parole en matière de santé, Joël Arseneau, a également condamné les propos tenus et les gestes posés en rappelant que les personnes qui les avaient subis étaient « venues prêter main-forte au réseau de la santé ».

Avec la collaboration de François Carabin

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